Rien ne sert de courir

 


Il n’y a rien à faire. La lutte aussi ardue soit-elle s’achèvera par son propre échec. Je ne pense pas à l’échec au sens de la déception ou de la non-réalisation. Je présente ici l’échec des faux-semblants derrière lesquels l’on peut se réfugier. Echec d’autant plus douloureux quand il s’impose alors que l’on est convaincu d’avoir mobilisé toute son énergie pour la construction de son propre bien-être.

Alors le combat s’installe insidieusement, on se trompe soit même sans le voir, sans comprendre pourquoi l’on se retrouve à devoir gérer autant d’informations alors que l’on n’aspire qu’à la tranquillité de son esprit. Mais pas folle la guêpe, l’idée que l’on ne prend pas assez son temps pour se poser se fait entrevoir : combien de temps que je n’ai pas laissé mon esprit divaguer sans lui imposer aucune contrainte, depuis quand je n’ai pas écrit, tiens je n’écoute plus de musique assise dans un fauteuil, et pourquoi mon agenda est rempli sur les 3 prochains mois ?

C’est là que les premières douleurs apparaissent : la mâchoire, le dos, les migraines, la sciatique, le genou droit, les brûlures d’estomac, les bras qui s’engourdissent, les fourmis dans les mains … Le corps se fait le relais des pensées controversées refreinées et alerte comme il le peut. Puis vient la fatigue, qui grandit, insatiable, qu’aucun repos mal décidé ne vient atténuée.

L’environnement aussi agréable et positif soit-il ne peut répondre, ne peut palier aux exigences de l’être qui se terre dans un coin et qui a besoin de s’exprimer quand il n’a plus du tout de place, noyé dans un décor trop millimétré, orchestré, assourdissant, aveuglant … Trop de sons, trop d’informations, trop de chemins, trop de mots, trop, trop, trop …

Et alors quoi ? Accepter que cette part d’ombre ait besoin de nous envahir pour faire place nette à une sérénité trop fragile ? « Vous devez arrêter de naviguer à Force 10 … Il faut du calme, du rien autour, pour retrouver le tout en soi et pouvoir naviguer à Force 5 de temps en temps. »

Très bien, alors commençons par lever le pied ; ralentir, s’éloigner un peu du trop-plein, plus l’habitude. Tiens voilà la morosité qui pointe son nez, pas vraiment envie, elle me vole mon sourire et mes envies. Ça y’est c’est là, la tempête de pensées anxiogènes qui ont pris de l’ampleur dans leur coin dansent et se cognent, me privent de sommeil et commencent à me couper le souffle. Les chevaux sont lâchés il va falloir aller jusqu’au bout, accueillir chaque émotion, regarder à nouveau ce pan de mon être que je voudrais ne pas savoir exister. Ça grandit, encore, encore, pour devenir une plaque de béton armé qui m’écrase la poitrine … Mais tu vas sortir oui ? Regarde je suis là, je ne bouge plus, les deux mains posées sur mon souffle, je gonfle le ventre et souffle profondément pour t’aider à exister quelques instants, quelques heures s’il le faut. Exprime-toi, je t’entends, et va-t’en !

Te voilà enfin, les notes mélancoliques de ma playlist dédiée t’ont apprivoisé. Tu te déverses sur mon visage, tu avais besoin de me rappeler que tu es là, que tu fais partie de moi. Tu devais me rappeler que ne pas te voir ce n’est pas apprendre à vivre avec toi. Et ça me fait du bien de t’entendre, te sentir, pour me savoir, me voir à nouveau. Il n’y a que de cette façon que je peux deviner que tout se passe parfaitement bien. Il n’y a qu’ainsi que je sais que rien n’est grave, et que chacune des fibres de mon corps peut s’apaiser. Laisser le vide devenir un espace d’expression aux réminiscences d’émotions enfouies terrifiantes.

Et si pendant ce temps que je m’accorde, qui n’a rien de commun aux idéaux positifs, je n’existe que pour moi, à cet instant, je ne saurais expliquer pourquoi, je me suis reconnaissance de me regarder exister, dans la tourmente et les larmes, la douceur peut à loisir venir sécher mes joues, et éclaircir mon esprit.

Bienvenue Force 3, tu m’avais manqué, n’aies pas peur, installe-toi, je sais aussi me poser et contempler, avec toi c’est plus joli.



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