Code de la route


Tout reprendre depuis le début.
Tâche quasi-impossible. Hormis pour les plus forts. Il faut une volonté sans équivoque pour ne pas se laisser manipuler par sa propre expérience. Nous ne sommes pas des animaux et nous faisons peu de choses par instinct, tout nous est initié, appris, et le reste en découle. Les nouvelles expériences, histoires, chutes vont venir conditionner les instants qui se répètent avec la même saveur.
Pour ma part, je me retrouve très rapidement stoppée nette dans ma lancé par ces échos de vie qui viennent influencer mes plus innocentes envies. 
Les expériences positives peuvent me pousser à recréer des instants identiques avec des personnes semblables au risque peut-être de m'enfermer dans une confortable répétition. Heureusement, il me reste ce petit gout du risque qui vient m'attirer vers l'inconnu, une curiosité ancrée me pousse à écouter, à observer, à vivre ce que certains fuiraient aux premiers abords.
Je sais au combien il parait insurmontable de devoir reconstruire quelque chose qui vient de s'effondrer comme un château de cartes. On se sent nu devant ce paysage désertique, comme un enfant qu'on aurait poussé trop vite vers la vie. Sans vraiment savoir si l'envie et le courage repointeront le bout de leur nez, sans croire vraiment qu'on en est capable. Et puis il faut avancer, parce qu'en effet, rien ne s'arrête là où tout recommence. 
Il me reste le souvenir d'une souffrance infinie que j'ai cru éternelle qui m'a replongé au plus profond de mes douleurs passées. 
Pourtant.
3 années plus tard, j'ai le sentiment de pouvoir jouir de cette toile blanche pour y inscrire les histoires, peindre les paysages, dessiner les visages qui m'inspirent au gré des jours qui passent, grisée par une sensation de liberté dûment méritée. Je sais bien qu'il me reste du chemin pour me délester d'avantage des bagages un peu trop lourds qui m'encombrent, peut-être plus l'esprit, mais encore l'âme.
Je n'ai, d'autre part, toujours pas dompté cette crainte de l'échec qui m'empêche de me projeter où que ce soit à plus ou moins long terme. La peur de la chute reste la plus prenante. Je garde tout même une certaine confiance en demain, et me rassure pensant que tout se gomme, laissant faire la douceur du temps, et en regardant droit devant, la ligne d'un horizon clément qui m'insufflera a fortiori le goût d'un après-demain.
Pourquoi rester les prisonniers martyrs d'une vie qui ne nous convient pas ? Le confort du conformisme d'aujourd'hui a-t-il gagné le combat contre les révolutions des moeurs qui se sont succédées il y a une cinquantaine d'années ? C'est comme si notre génération avait eu le besoin de recréer des modèles poussiéreux où l'air pur vient rapidement à manquer pour créer un sentiment factice de tranquillité, s'économisant au passage l'effort de poursuivre la création de modèles hétéroclites, aventureux, mais peut-être bien plus humains que celui dans lequel nous suffoquons aujourd'hui. 
Moi la première, dépourvue de mes repères bien matériels, bien conventionnels, bien propres, j'ai cru que plus rien, plus aucune forme de vie, ne seraient possible. Je me souviens m'être sentie tellement honteuse de ne pas avoir su conserver cette belle vitrine lisse qui nous valait le respect de tous. 
A bien y réfléchir, je préfère perdre le respect de certains pour retrouver la paix de mon âme. 
La peur n'évite pas le danger, et elle terrasse les intentions les plus louables. Associée à une auto-dévalorisation enfouie elles deviennent vénéneuses et ont le pouvoir de gâcher une vie entière passée à se demander comment les choses auraient pu être si on avait oser faire autrement que le modèle imposé.
Il y a dans une existence tellement de carrefours, qui surviennent à des moments tous plus inattendus les uns que les autres, qu'il est à la fois décontenançant et impressionnant de devoir choisir une direction sans s'encombrer de la peur de se tromper (ndlr : Croire en soit, et écouter ceux qui y croient encore plus fort que nous).
J'aimerais prendre par la main des personnes que j'aime pour leur promettre qu'ils vont réussir à surmonter tout ça, comme certains l'ont fait avec moi à des époques où ces mots sonnaient comme un mauvais refrain, mots qui m'ont pourtant portés jusqu'au jour où sortie du tunnel sans même m'en apercevoir j'ai réalisé à quel point ils avaient eu raison de me les répéter et combien leur bienveillance avait eu raison de mon désespoir.

Il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir, mais avec beaucoup d'amour, la difficulté devient moins despotique. 

Ai-je le droit de croire qu'aujourd'hui est précieux, qu'hier reste délicat, mais surtout que demain sera encore plus joli ?

Non, c'est bon, ne répondez pas, m'en fous je fais ce que je veux !



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