Instant T



Est-ce le moment le plus propice pour écrire après des semaines d’abstinence, qui sait ? Peu importe.
Il se trouve que c'est un des premiers moments où j'en ai tout le loisir, peut-être même à regret. Parce que depuis quatre mois, il y en a eu des hauts et des bas, un florilège de situations et de gymnastiques mentales où j'aurais pu coucher ici les différents états d'âme et prises de conscience qui se sont succèdés. Pourtant, c'est là, maintenant au beau milieu des vacances scolaires en compagnie des premiers concernés que l'envie m'en prend. Aucun évènement suffisamment palpitant ces derniers jours ne nécessite d'être décrit ici, mais ce vide d'aventure laisse justement libre court à mes idées fantaisistes pour remuer mon cerveau en congés.

Ces derniers mois, tellement de choses ont été chamboulées, que mon esprit n'a pas eu le temps de digérer la succession d’informations reçues, que dis-je projetées sans ménagement en plein cœur, parce que nous ne pouvons pas nous mentir, le cœur est le premier à capter les mouvements qui se dessinent autour de lui. Comme à mon habitude je ne renterai pas dans un détail descriptif me contentant de métaphores et parallèles évasifs pour tenter d’illustrer l’état des lieux de ma boite crânienne en ce  jour J.
J'essaye tant bien que mal de me focaliser sur l'instant présent car parait-il, comme la mode actuelle le dispense, que c'est le secret du bonheur. C'est une croyance en laquelle j'ai envie d'adhérer plus que jamais, et je tente chaque instant de faire taire ces projections apeurées, endoctrinées par des images passées qui les maintiennent dans une crainte perpétuelle. La minute M me montre des choses simples, sincères, fiables, pleines de promesses. Mais les fantômes du passé viennent encore et toujours ternir le tableau : "attention, bouuhhouhouh... danger ... souffrances ... fuite en avant !!!" ... Ne pas écouter ces fadaises me demande une énergie que je suis lasse d'octroyer à cette occupation. Alors, je commence à récolter les fruits d'un certain travail qui m'aide à accepter les éléments tels qu'ils se présentent, sans les corrompre de peurs superflues, juste en les caressant du bout des doigts pour se dire que, peut-être, je pourrais les capturer à pleine main, les emmener avec moi partout où je suis, où je vais pour en nourrir mon cœur et commencer à fermer ce trou béant qui parfois m’empêche violemment de respirer, et de penser autrement qu'au fusain. Retrouver un second  souffle, enlever ce poids, sentir la légèreté de la vie, malgré les considérations matérielles parfois difficiles à articuler autour d'un apport trop faible. Se dire que la vie est faite de joie et d'amour, et pas seulement d’embûches, de manque, de peurs ...
Cette philosophie peut paraître superficielle, peu élaborée, voir médiocre, pourtant quand j'arrive à cette étage de mon âme, tout me semble tellement différent. Comme un état d'esprit que je n'ai jamais connu, une vraie découverte au cœur de l'exploration de cet univers intérieur que jusqu'ici je n'avais jamais compris.

Une année particulièrement complexe s'est écoulée. Je me suis retrouvée confrontée à mes démons plus que jamais, incapable de les faire taire, ils ont dicté chacun de mes pas, avec quelques moments plus heureux pour me rappeler que la vie peut encore détenir certains secrets et nous donner envie de continuer à exister. Mais le temps a fait son œuvre ... Et de nouvelles portes se sont ouvertes, sur des horizons auxquels j'avais renoncé ...
Bien entendu comme mon naturel, l'exige je me suis précipitée vers ce paysage nouveau, parfait de routes inconnues, propulsée par une force incontrôlable alors qu'il s'agissait de lâcher totalement prise, exercice d'ordinaire plus que complexe pour moi. Choisir une direction, c'est laisser derrière nous une partie de soi, devenue trop lourde à porter, et malgré toute la difficulté que cela représente, avancer en ce sens la main dans celle d'une personne que l'on ne connaissait pas hier, et qui semblera avoir toujours fait partie de vous. Quand quelqu'un entre dans votre vie sans exiger d'en changer une seule virgule cela parait plus qu'étrange : "comment ça tu prends tout et le reste ?", c'est particulièrement difficile à admettre, surtout après avoir traversé l'existence d'autres personnes avec qui il paraissait impossible de signer un ouvrage commun quel qu'il soit, où tout du moins pas plus loin que quelques heures de plaisirs sans conséquence. Je ne saurais m'en plaindre totalement, si l’instant ne s'ancre pas dans le fond d'envies communes, c'est qu'il ne faut pas s'y attarder, et passer son chemin pour profiter de nouveaux épisodes. Pourtant, il apparaît parfois que nous ayons envie tout de même de croire à des desseins plus heureux, de voir des évidences là où il n'y a que des mirages, d'entendre des louanges là où l'on vous souffle des fadaises ... Bref, de se tromper, trop fort, trop longtemps.
Il est un avantage à laisser les éléments s'inscrire malgré des signes évidents de fausse route, c'est d'en tirer les conclusions. Et d'en sortir plus instruit pour corriger la copie, et peut-être un jour être capable de savoir qui l'on est, ce que l'on attend, dans tous les cas ce que l'on ne veut pas, ce que l'on ne veut plus pour être exacte.

Je sais au combien je suis exigeante parfois, sur certains points, évènements où mon mécontentement peut prendre des proportions hallucinantes, difficilement compréhensibles pour mon entourage. Ces manifestations exacerbées de ma contrariété n'est que le résultat d'une exigence envers moi-même à ne pas décevoir. Houlà, houlà, je ne prétends pas une seule seconde être toujours sur la bonne tangente, et avoir toujours les attitudes, les mots qu'il faut, loin de moi cette idée, rassurez-vous. Mais je paye toujours mes maladresses au centuple de ce que j'ai pu infliger, étant la première de mes juges d'Assises ; me condamnant durement et sans appel, je juge ainsi assez durement une personne qui viendrait à me blesser. Et je suis assurément plus indulgente avec autrui qu'avec moi-même, laissant la vague de la seconde chance effacer une rancune partiale, trop dure à porter.
Je suis plutôt habituellement indulgente, tolérante, mais pas forcément patiente. Je peux donc exploser, et tout balancer par contrariété, parfois trop brusquement, et d'autres fois parce qu'il était tant d'y mettre un terme.
Quoiqu'il en soit, aujourd'hui tout a magistralement changé. Je ne crois pas au destin, ni au mérite, juste aux jolis hasards, et à l'obstination de laisser son cœur ouvert pour y accueillir de belles âmes, des moments magiques.

Pour le reste, rien n'est écrit ...


Commentaires

Articles les plus consultés