Thèse, transition et anti-thèse


Me voici confrontée à l’occasion inratable de tester ma capacité de formulation alors que mon cerveau est placé sur orbite, dures conséquences d’heures nocturnes à l’image de la fantaisie qui habite mon âme. Et je m’étonne moi-même de pouvoir aligner plus de trois mots dans une langue à peu près acceptable. Les débats et longues conversations de la veille, ainsi que la relecture d’un post revenu d’un passé qui n’est plus, ont fait naître dès le lever une envie prenante de philosopher de bon matin, et sans comptoir.
Ainsi, dans ce passé, je métaphorisais la vie d’un couple usée par le temps à l’image d’un feu de cheminée qui trépasse dans un foyer vide d’envies communes. Il était aisé de défendre sans cesse une théorie selon laquelle rentrer dans des cases ne convient pas nécessairement à tout le monde, et finit par abîmer les sentiments aussi forts qu’ils soient à leur naissance. Je m’explique. L’être humain est un animal d’expérience, et peu d’instinct, même quand on a le sentiment d’agir « par instinct », celui-ci n’est conditionné que par l’éducation, l’environnement, les schémas inculqués par la morale et la culture du lieu où l’on a grandi, évolué. Et c’est bien à l’occasion qui nous est offerte de voyager, partager et de découvrir d’autres horizons que l’on doit une plus large ouverture d’esprit et capacité d’adaptation. En un mot comme en cent, La fantaisie de l’esprit est pour moi une force et une chance. Il n’est pourtant pas simple et naturel de sortir des sentiers battus, sans modèle auquel s’accrocher autre que la simple envie de créer un autre mode de vie que ceux que l’on a observés, vécus auparavant et qui ne nous ont pas rempli de sérénité et de bien-être. 
Mais à partir de là, comment faire ? Ne reste plus qu’à avancer au gré d’essais, parfois infructueux, mais qui auront le mérite d’avoir existé et renforcé la connaissance de ses propres limites. Le désir plus fort que tout de n’entrer dans aucune case trop petite, trop lisse, sans odeur ni saveur restant l’ultime Leitmotiv, il faut savoir rester ouvert à toutes éventualité de la vie, malgré les blessures et les peurs incontrôlées. Ces mots, ces dogmes, je les ai mainte fois scandé et revendiqué ici, et là à qui voulait bien l’entendre, défendant fièrement l’indépendance d’esprit et la volonté d’oublier les schémas préétablis. 
Puis il y a eu l’interruption, celle pendant laquelle mes envies se sont mises en berne, dans un semi coma artificiel pour finir d’assassiner mes rêves de petite fille, et d’étouffer des idéaux devenus trop difficiles à défendre. Et c’est là, convaincue que la solitude qui s’était logée insidieusement au creux de mon cœur, alors que je cherchais simplement à retrouver un peu du panache qui m’avait animé depuis « ma nouvelle vie », alors que je voulais simplement conclure un chapitre douloureux et épuisant, qu’un nouveau s’est ouvert faisant la part belle à mes plus fidèles amis, les heureux hasards. 
Au-delà de tout ce qui peut attirer l’attention chez quelqu’un et plus si affinités, ce sont de simples phrases sur des idéaux partagés à mille lieux des standards imposés qui ont raisonné dans mon esprit, pour réveiller ce dernier et lui ouvrir les yeux devant ce flagrant délit de complicité naissante. Ces mêmes mots dans la bouche d’une personne différente de cet être profond et fascinant n’auraient ainsi aucunement raisonné de la même manière. Ce fut limpide, arborant une envie de liberté et de croire encore qu’il existe quelque part quelqu’un qui vous correspond, sans vous asphyxier, ou sans chercher à modifier ce que vous êtes, mais au contraire pour tout ce que vous êtes. Et puis la douce et à la fois étrange expérience s’est arrêtée là, le quotidien reprenant ces droits, les éléments reprenant leur place. 
Pourtant le monde avait changé, et plus rien ne pouvait être comme « avant », avec une ferme intuition qu’au contraire rien n’allait s’arrêté. Je pourrais parler pendant des heures de la suite de cette rencontre, mais ce qui m’intéresse ici c’est plutôt d’exposer la riche et belle expérience d’écrire à deux une histoire qui ne ressemble qu’à soi. Etre dans la création d’une toute autre chose qui invite le bonheur à tous les étages n’empêche malheureusement pas les vieux démons de s’exprimer subrepticement pour créer un vent de panique au milieu de ce qui se déroule sans encombre. Ce qu’il y a de totalement nouveau, et magique je l’avoue, c’est la rapidité et la facilité avec lesquelles ces derniers se font tordre le cou et clouer le bec, par une symbiose qui s’impose sans douleur et laisser à nouveau la place aux jolis instants.
Alors voilà, les jours, les semaines, les mois passent, le temps glisse, les heures s’emplissent et se vident, chaque mot de l’histoire invite la phrase suivante, pour rendre le récit de plus en plus délicieux, au-delà de tout ce que mon imagination aurait pu inventer jusqu’ici. L’inconnu a revêtu le costume de merveilleux desseins, chaque pas me rapprochant d’un avenir avec lequel je pense être en train de me réconcilier, m’éloignant d’un passé que je finirai peut-être par ressentir avec une douce nostalgie, pour vivre joliment aujourd’hui, là, maintenant. Nous sommes maintenant.

Vite, Loin, Longtemps … 

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