Alea jacta est

 


De quel bord êtes-vous ?

De ceux qui tirent fierté et satisfaction de leurs réussites et petites victoires du quotidien, ou de ceux qui sont incapables de ne vivre que pour eux ?

A mon grand désarroi, je fais partie de la deuxième espèce. Cela pourrait, de prime abord, pourrait paraitre pour de la générosité excessive, et pourtant il s'agit de tout à fait autre chose.

C'est une forme pathologique de dépendance affective ! Voir d'égocentrisme exacerbé ?

J'ai quarante-et-un ans, la vie a filé à une vitesse digne de science-fiction. Quand je me lève, le matin, dans cette maison que j'ai acheté seule, grâce au fruit d'un travail qui occupe une très grande partie de mon temps, je regarde les rayons du soleil s'étendre sur les lattes de ma terrasse, je regarde le chien inspecter chaque recoin d'un jardin florissant, je fais bouillir l'eau de mon café, et la seule sensation qui persiste reste le vide. Et cette solitude affadit toute la saveur de ce paysage.

Après que tout se soit effondré, j'ai dû repartir à zéro, et chaque embuche a été une épreuve douloureuse. Pourtant, je pourrais être fière de ce que j'ai accompli pour et avec mes enfants, mes petits champions qui font de leur mieux et qui égayent mes jours parfois très sombres. Grâce à leur existence, j'ai au moins le sentiment de faire tout cela pour quelqu'un, pour le bien être d'autres êtres vivants que ma petite personne.

L'égoïsme n'est-il pas plus délicieux quand il est éprouvé par l'attention de quelqu'un ? À quoi bon faire des choses pour soi, quand l'on est principalement seul ? Ce sentiment de solitude n'est-il pas d'autant plus pénible quand il est assorti d'un vide qui s'installe depuis plusieurs mois. 

Une solitude circonstancielle est très différente d'une solitude aléatoire issue de son propre mode de vie. Elles n'ont pas du tout le même goût, l'une est lourde à supporter car subie et inopportune, l'autre délicieuse et récréative car instaurée à des moments choisis et propices ... Vous saisissez la réelle et subtile différence ? Faire glisser sa perception de l'une vers l'autre est le plus délicat quand son coeur et tout son être sont encore ébranlés par des évènements récents. Seul le temps et la sollicitude de son entourage peuvent nous aider à adoucir le ressentiment de cette solitude qui s'est invitée sans aucune suggestion préalable.

Je suis fatiguée de ne partager mon quotidien qu'avec mes enfants, une semaine sur deux, et mes animaux de compagnie. Je sais à quel point l'indépendance et la liberté m'euphorisent quand ils sont calés dans une vie douce et habitée par l'amour.

Il n'est pas une histoire, un épisode de ma vie, où je n'aurais pas préférer être plus autonome, plus indépendante, mais j'ai besoin d'aimer et d'être aimée pour exister. J'ai besoin qu'une âme omniprésente assure mes arrières tout en me laissant toute la place nécessaire pour être moi. La vie, aussi injuste puisse-t-elle être, m'aura aidé à comprendre cela, et à faire les choix, douloureux, pour ne pas me mentir et sombrer.

Dans une autre vie, j'ai grandit au milieu de gens qui par peur de la solitude ont accumulé une succession de mauvais choix, et ont en quelques sortes, sans le vouloir, abimer une bonne partie de mon existence, la plus importante en fait. 

J'ai eu mes enfants grâce à celui qui a assuré mes arrières pendant 14 ans. Loin d'être l'homme idéal malgré les apparences, sa constance, m'a permis de rencontrer le plus grand bonheur qu'il m'ait été donné de connaitre. J'aurais voulu vivre cet instant d'innombrable fois étant resté le plus pur dans ma mémoire ... Et d'autant plus quand il est partagé avec la personne qui vous a aidé à atteindre cet état. 

Mais l'existence a sa réalité qui nous dépasse. 

J'ai depuis fait d'autres rencontres, eu le coeur qui s'envole pour finir par s'écraser sur le sol après un saut abordé avec trop d'élan. Jusqu'à cette rencontre unique qu'on entrevoit qu'au cinéma ou dans certains romans, et qu'on n'ose même plus imaginer. Et comme à son habitude, la vie s'est jouée de mes envies et de mes sentiments pour me rappeler que la réalité ne laissait pas de place aux rêves et aux idéaux.

Au moins, j'ai des travaux et du jardinage pour m'occuper les quatre à cinq prochaines années ...



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