Pique-nique douille


Quelle est la part d’imaginaire dans votre vie ? Quand le quotidien déferle au rythme d’une intendance névrotique, j’avoue qu’il n’y a pas beaucoup de place pour la moindre part de créativité romanesque, et des dizaines de jours peuvent se succéder avant que je ne remarque cette absence totale de divagation créative. Pour autant, ayant pris pour sérieuse résolution de m’accorder, voire de me forcer à prendre ces temps de pause, pendant lequel seul mon esprit a le droit d’occuper la place, ces moments redeviennent ultra présents presque envahissants.

Assise sur une chaise, vautrée dans un canapé, déambulant sur les trottoirs, au volant, dans le métro, dans le train, trébuchant sur des sentiers maritimes, flânant sur une large plage inconnue, le vide s’est rempli de pensées. Chacune distillant des émotions différentes et mutantes ; tantôt triste, joyeuse, amère, amusée, motivée, lasse, coléreuse, hésitante, perdue, décidée, romantique, guerrière, posée … Une succession de ressentis qui associés à des images toutes aussi fantasmées que vécues n’insufflent qu’une éternelle interrogation : à quel point mon cerveau est-il fantasque ?


Comment savoir si je peux faire confiance aux directions que je choisis ? Est-ce une interrogation qui ne me lâchera plus jamais ? Pourtant, j’ai trouvé le moyen le plus « fiable » d’y échapper … M’inventer des histoires, de véritables scénarios dans lesquels je peux prendre toutes les mauvaises décisions qui me séduisent, participer à tous les jeux de rôles les plus invraisemblables et ne prendre aucun risque dans la vraie vie. A part celui, peut-être, de remuer des émotions encore débordantes que j’essaye tant bien que mal de canaliser. La nuit et ses rêves vertigineux finissent de projeter toutes les images d’un inconscient resté encore un peu timide jusqu’alors. Il est surprenant de constater comme ce participant taiseux et endormi peut s’avérer bien plus proche de la réalité que les projections qui m’envahissent la journée.


C’est fou ce qui s’invente dans mon esprit quand je lui fais à nouveau la place pour s’exprimer. Je veux dire « fou » au premier sens du terme. Cette fantaisie peut paraître amusante, quand elle se manifeste sous sa forme la plus festive et joyeuse. Mais cette particularité peut être tout aussi fourbe et sombre. Les émotions, les idées, les sentiments, pris dans les tempêtes incontrôlables de mécanismes que l’on n’a pas encore réussi à cerner, ne sont pas constructifs, et quand ils sont à leur apogée, ne laissent pas grand-chose encore debout. C’est donc ça l’hyper-émotivité …


Et c’est exactement cette dernière qui cherche sans cesse à avoir le dernier mot. Qui m’entraîne sur des chemins où tout est plus fort, parce que dans le tumulte, ma tête retrouve ses marques, mais aussi se délite. Et alors, elle invite son meilleur ami le doute, qui débarque toujours avec ce pique-assiette le questionnement, parce que convaincue que laisser les choses se faire, le hasard décider, ne pas faire de choix, c’est perdre des points de vie … S’arrêter là, s’ordonner un stop nécessaire, indispensable, et se demander à nouveau : ne changeras-tu donc jamais ?


Tiens, mon copain le doute … bonjour, vous !





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