Première étape du tour

 

C’est la première fois que mon esprit perd pied si profondément.

J’étais terrifiée à l’idée de retrouver certains états de détresse qui, par le passé, m’ont obligé à mobiliser beaucoup d’énergie pour revenir sur terre. Enfin c’est ce que je croyais. A la différence que cette fois-ci j’ai bien été obligée de constater que je m’étais perdue depuis beaucoup trop longtemps et bien trop loin pour retrouver mon chemin naturellement.


Quand on commence à creuser, on n’imagine pas du tout sur quoi on va tomber. D’ailleurs, dans mon cas, je ne suis tombée sur rien. J’ai glissé lentement vers les ténèbres que j’avais mis une vie à enfermer très loin de ma réalité ; et même pas si bien enfermées que ça. C’est alors que j’ai compris que tout cela était juste là, que tout cela avait encourager mes choix, décisions, positions … Je n’ai plus eu une seule image à laquelle me raccrocher pour rester à la surface. Mon rôle de mère est resté le seul et unique phare dans la nuit, car c’est la seule place à laquelle je me suis toujours sentie vivante et à part entière. Mais une mère qui a dû expliquer à ses enfants qu’elle devait tout remettre dans le bon sens pour continuer à remplir son rôle sans encombre. 


L’écriture qui m’a toujours gardé le bout du nez hors de l’eau n’avait plus lieu d’être dans cet état. Alors je me suis tournée vers un autre moyen d’expression pour disperser ces idées lourdes à porter loin de mon cerveau en souffrance. Le cerveau, que dis-je, c’est mon corps tout entier qui s’est mis à défaillir, muscles, dos, digestion, sommeil, appétit, raisonnement, tout est parti en vrille sans qu’aucune de mes interventions n’y fassent rien. La culpabilité d’être impuissante, face à ses défaillances, grandissante. 

Ce qui ne m’a pas quitté, c’est la détermination à ne plus laisser ces pans de mon être continuer à me conduire vers ma chute certaine.


J’ai grandi sous les yeux de personnes souvent tristes, ou déçues, ou désabusées, ou tout cela à la fois. Ces mêmes personnes qui furent mes idoles par leur personnalité, leur grande humanité, leurs esprits … Alors aujourd’hui, je reprends depuis le début de mon existence chacun des faux pas pour me construire sur autre chose que les erreurs d’autres. Je peux, et je dois me servir de tout ça pour modifier les pièces du puzzle qui ne s’emboiteront jamais dans un paysage harmonieux. 


Parfois je me demande à quoi cela pourrait-il bien servir de mener un travail si long et complexe. Puis je vis un moment heureux, et j’entends cette nouvelle voix qui me souffle : « tu as vu, tu y arrives, ça fait du bien hein ? ». Et la difficulté à mener de front ce combat contre moi-même s’efface pour ne laisser de place qu’à ce nouveau plaisir d’aimer ce que l’on est, en toute simplicité.


Chaque jour est une nouvelle étape, chaque nuit aussi. Je ne peux préméditer aucun état, aucune pensée, aucun déterminisme à suivre tel ou tel chemin. Je découvre le sens de ma vie au quotidien, sans prétention, sans ambition trop hâtive, ou passion éreintante. Je me contente d’accueillir ce qui se présente en tentant de ne plus jamais oublier ce qui est le mieux pour moi, et sans me faire violence.


Je suis pour le moment encore dans cette période de fébrilité où la peur, l’angoisse est toujours planquée là quelque part, à attendre la moindre contrariété pour venir me massacrer. Mais je reste prudente en ne m’aventurant en toute confiance que sur des terrains qui m’apaisent, qui m’ancrent, voir même me révèlent certaines découvertes. La prudence n’avait jamais été mon fort, et je la voyais d’un mauvais œil. Mais comme toute attitude ou concept, tout va dépendre du point de vue où l’on se positionne. 


Je ne dirai pas que je reviens de loin, parce que je ne suis arrivée nulle part, et que je ne sais pas encore où je vais. Pourtant, la navigation ne semble pas à vue, mais plutôt à l’instinct en entendant quelqu’un de bienveillant m’égrainer quelques conseils : moi.

Important de préciser que chaque seconde partagée avec les belles personnes devient merveilleusement plus précieuse quand on arrive enfin à en toucher l’essence. Et cet ancrage, c’est aussi pour cela qu’il est primordial : connaitre sa propre valeur tout en sachant être avec eux. C’est le « double effet Kiss Cool » !


Ce n’est pas dit que je revienne ici très souvent, tant que je n’aurais pas retrouver pleinement mes mots, je dois tout d’abord continuer de soigner les autres, maux.


Mais je suis contente d’en être à nouveau capable, j’avoue, j’avais le trac.




Commentaires

Articles les plus consultés