La fleur au fusil


Il est trop tard pour écrire, tant pis, je serai fatiguée demain, je me coucherai plus tôt, et une fois de plus, j’aurais la sensation d’avoir agi comme il me plait.

Il y’a des histoires qui me plongent instantanément dans l’envie d’écrire, des films le plus souvent, qui nous racontent des histoires de femmes à des époques où tout leur était imposé, où aucune liberté ne leur était accordée, à moins d’une lutte qui les obligeait à y consacrer une vie entière. Une époque, où il leur était impossible de laisser parler leur être sous peine d’être condamnées à la marginalité jusqu’à l’illégalité.

Ces époques qui ont donné naissance à de grandes écrivaines, artistes, intellectuelles que j’envie un peu honteusement. Comment jalouser des femmes qui ont dû connaitre tant d’adversité et de carcans pour devenir des prêtresses, des icônes du désir de liberté des femmes ?

Peut-être ces histoires allument en moi les étincelles de poésies que je cherche à faire taire aux yeux de tous. Parce que dans ce monde, dans notre société, la poésie, la douceur, l’affection, les émotions sont et restent perçues comme des attributs féminins synonymes de faiblesse du corps et de l’esprit. Et pourtant, ce sont toutes ces qualités qui nous donnent la possibilité de percevoir l’existence dans une dimension supplémentaire. Loin de moi l’idée que les hommes en soient incapables. Mais notre conditionnement est tout autre. Nous accusant de sexe faible, on nous a laissé le loisir de développer ces sensations en nous les réservant. Quand depuis des décennies, et plus encore, les femmes luttent pour en savoir davantage, conquérir plus de terrain, maitriser plus de domaines, malheureusement les hommes ont pris un retard certain quant à leur connaissance de nos univers.

Les différences entretiennent l’intérêt que chacun se porte, mais la capacité de comprendre l’autre réside tout de même dans l’intérêt que l’on porte à sa façon de voir le monde.

Les gens sont ma passion. A l’adolescence, une amie nous a offert sa meilleure sortie avec son « connais pas, aime pas, c’est ma loi », à un âge où nous devions nous méfier de tout le monde, nous nous retrouvions souvent confrontées à des épreuves difficiles à exposer ici. De cette doctrine m’est resté mon « J’aime pas les gens ». Facile de se cacher derrière ce court slogan, qui révèle seulement le peu de patience ou d’ouverture d’esprit dont je peux faire preuve parfois, comme tout le monde.

En réalité, les rapports humains me subjuguent, et je pourrais passer de longues heures à ne converser que d’histoires d’untel ou unetelle selon tel ou tel contexte. Le pourquoi du comment, le pourquoi-pas on-ne-sait-jamais et ainsi de suite. Les gens, quand on creuse un peu, ont tellement de choses à raconter, et j’adore creuser, chercher, titiller, bousculer, jusqu’à la gêne ultime où ceux qui ne sont pas prêts finissent par changer de chemin par peur ou pudeur, peu importe, j’aurais essayé, et tant pis pour la découverte, une prochaine fois peut-être.

Parfois, au hasard d’une exploration, un sentiment inattendu peut naître, c’est là que le danger pour sa propre perception se présente. Comment ne pas emprunter trop vite les choix, les visions d’un autre être que soi-même, sans se perdre et s’oublier ?

C’est un peu le gros nouveau chapitre de ma vie, retrouver cette passion de l’autre sans avoir peur de tout déconstruire, recevoir autant que ce que l’on est capable d’offrir, et s’en servir pour se bonifier.

Alors, un jour à la fois.



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