Les Petits Plaisirs Simples



Alors que je revenais de quelques instants de shopping infructueux, j'étais au volant de mon véhicule motorisé, autrement appelé voiture, et en retard à mon poste, bien entendu bloquée derrière un double-bus sur une voie pas assez large pour le doubler car les architectes du dit Centre Commercial ont trouvé judicieux de faire un terre-plein de 30 cm trop large pour pouvoir circuler sur deux voix ... bref, j'étais pressée, comme d'habitude !
Comme je disais donc, mon esprit flânait, les yeux dans le vide en attendant que le chauffeur eut finit d'accueillir tous ses hôtes, quand mon regard, je ne saurais dire pourquoi, s'est arrêté sur 4 jeunes gens d'une vingtaine d'années, se hâtant sous la pluie, de larges sourires aux lèvres. Et ainsi, sans le vouloir, ils m'ont fait partager des bribes de leur joie de vivre.
Il est vrai qu'une averse en compagnie des personnes que vous appréciez n'a pas le même goût amer voire peut ainsi se transformer en un souvenir agréable quand elle vous rappelle les rires provoqués et la douce après-midi partagée entre amis.
C'est alors qu'une idée très simple est venue bousculer ... Pourquoi pas moi ? Ou plutôt pourquoi PLUS moi ?
J'ai réalisé en l'espace de quelques secondes que je ne me rappelais même plus de la dernière fois où je m'étais promenée ainsi avec des amis, et je souligne la mixité de mon accord. Car les après-midi "copines", j'en compte quelques unes, pas des centaines, mais suffisamment pour que je puisse me rappeler la date de la dernière.
C'est donc cela être adulte ... Ne jamais profiter de moments simples, d'une balade, d'une séance de ciné, d'un coucher de soleil sur la plage ... de l'instant présent avec les personnes qui nous sont chers ?
Aujourd'hui quand je dois retrouver des amis, chacun prend son moyen de locomotion personnel, conditionné par ses obligations du quotidien qu'elles soient familiales, amoureuses, professionnelles que sais-je, et d'avoir ainsi la possibilité d'arriver et de partir en une seconde 30 montre-en-main sitôt que ces mêmes obligations se font pressantes.
Nous avons donc perdu tout le plaisir que nous avions plus jeunes à passer chez chacun d'entre nous pour se rendre à même point. N'est-il pas plus agréable d'avancer dans la vie en bonne compagnie, conseillé, épaulé, accompagné par les personnes en qui l'on a confiance. Avons-nous donc perdu toute confiance en l'autre ?
Ou serions-nous à ce point conditionnés pour qu'un simple moment de plaisir ou de partage soit brièvement calé entre deux contraintes, et perde par ce biais tout son intérêt et son léger goût de bonheur ?
L'idée qui prédomine ma génération de trentenaires est une obsession qui vient travestir, déformer, abîmer tous les opportunités de partage : AVANCER ! Il faut avancer, et vite, sinon, le voisin, la famille, les collègues, voir même les amis vous prendront pour un irresponsable sans ambition. Et même si cet avancement exclut tout plaisir dans votre quotidien. Je ne suis plus convaincue par ce dogme.
Il n'est pas si complexe de laisser de côté quelques heures de temps à autre toutes ses obligations qui régissent nos vies d'adultes accomplies. Nos parents issues d'une génération qui voulut se libérer de tous ces carcans societaux ont malgré eux reproduit le schéma de leurs parents en nous invoquant sans cesse la raison, le devoir, les limites.
Une seule pensée m'anime plus que tout : Nous n'avons de limites que celles que nous nous imposons nous-même !

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