Bonnet d'âne

Qui peut bien décider ce que l'on mérite ou non ? Et d'où vient cette idée de "mérite" ... En amour ?
Je suis attristée par cette idée, celle qui consiste à penser que telle ou telle personne mérite ou ne mérite pas de rencontrer l'Amour avec un grand A, de rencontrer quelqu'un de bien. Et d'ailleurs, qui peut bien être ce quelqu'un de bien
Tu penses être heureux(se) dans ton histoire avec une personne que tu qualifies de formidable à qui veut l'entendre ? Penses-tu réellement avoir fait dans ta vie des choses pour que cela t'arrive ? Si c'est le cas, n'est-ce pas une forme de détermination à produire une image de réussite sans faille ou tout simplement un entêtement à reproduire un schéma qui s'est insidieusement glissé au fin fond de ta raison depuis si longtemps que tu es incapable de dire si c'est ta vérité ou un réflexe de survie ? 
Ce que j'entends par là, c'est simplement que je crois à la beauté du hasard, et par dessus tout au Bel Amour. Et en aucun cas, je ne pense que le mérite détient un quelconque rôle ici.

J'ai vécu, comme beaucoup, une histoire qui ressemblait à un feu de cheminée. Au début, une forme  de fascination vous aspire à fixer ce feu, qui réchauffe, qui fait naître toutes sortes d'émotions au seul bruit du craquèlement du bois qui se consume dans le foyer. Quand celui-ci montre le moindre signe d'affaiblissement, on balance de nouvelles bûches avec entrain pour faire redoubler l'embrasement, et le sentiment de bien-être devant ce spectacle devient de plus en plus fort, on ne trouve aucune raison de se lever et de quitter ce lieu, pour continuer à être hypnotisé par ce ballet de flammes ... On s'habitue un peu à sa présence, à sa chaleur, qui devient rassurante, on n'imagine plus ce foyer vide sans cette couleur vive et vivante. Il arrive un moment où l'on commence à avoir trop chaud, installé depuis quelque temps, on oublie ce privilège de pouvoir se réchauffer sans fin devant ce feu. Il peut arriver qu'on s'éloigne un peu pour reprendre une vrai bouffée d'air frais et se rappeler aussi vite à quel point il fait froid loin de la flambée, votre flambée, que l'autre est en train d'entretenir seul ... Alors vous revenez prendre votre place et reprenez votre rôle pour l'alimenter à votre tour, fort de cette fraîcheur qui a réveillé chez vous le manque. Et vous vous nourrissez de ce souvenir pour ne plus vous éloigner. Mais dans le logis, il n'y a pas que la cheminée à entretenir, et vous détournez l'attention pour essayer de mener votre vie par tous les bouts. Et quand l'Autre fait de même peu à peu le feu s'essouffle, la braise ne suffit plus à exalter les coeurs en un simple coup d'oeil. Même si vous vous rappelez encore très bien combien il fait froid dehors, l'Autre n'est jamais vraiment sortit, et aspire à bien plus que prendre l'air. C'est là, quand l'un des deux décide de laisser mourir le foyer, lassé de cette vision, que l'histoire s'arrête. Et il n'y a rien à ajouter. 
J'ai vécu ainsi des feu de pailles, des feux de camps, des explosions accidentelles, et des pétards mouillés.
Ce n'est peut-être pas une fatalité, mais physiquement, tous les feux finissent, tôt, ou tard, par s'éteindre ... Même les volcans !

Ce qui m'inquiète et m'ennuie c'est cette notion "d'effort" que représente l'amour pour beaucoup d'entre nous. Comme si la raison se laissait corrompre par la morale. Morale qui, elle n'est que culturelle, emprunte des carcans qu'une société inculque à ses ressortissants pour les garder à une place donnée et surtout ne soulever aucun débat, ne provoquer aucune vague.
Alors que la raison est bien plus libre que tout cela ... Elle est censée se nourrir de vécu, d'expérience, de culte des cultures ... et d'amour.
On oppose bien trop souvent la raison à l'amour,  alors que si nous étions tous raisonnables, nous commencerions par toujours écouter notre coeur ...
Les sentiments amoureux n'ont rien à voir avec un quelconque investissement proche de ceux que nous faisons à longueur de temps pour avancer. 
Depuis ma Tour, une histoire d'amour n'est qu'une histoire de courage et de générosité. De courage, car c'est si difficile de ne pas avoir peur de ses sentiments, de l'inconnu et des conséquences. De générosité parce qu'il n'est pas si aisé de donner sans compter, sans rien attendre en retour.
Personne ne devrait avoir à "travailler" sur soi pour ressembler au conjoint idéal des manuels rétrogrades que l'on peut encore trouver dans le commerce aujourd'hui (dernières recherches sur les moteurs de recherches me laissant coi ...).

Dans une vie, il y a mille épisodes, mille combats, mille bonheurs, mille sentiments, mille histoires ... Mais je n'ai qu'une âme, et elle vibre au rythme des battements de mon coeur.



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