Caféine & variations

Bien, aujourd'hui, un lundi comme un autre lundi, ma progéniture a quitté le nid maternel pour retrouver la version paternelle de son histoire. Et comme un autre lundi, celui-ci devait se consacrer aux travaux de rétablissement d'un ordre matériel approximatif après le passage de cette dite progéniture accompagné de surcroît d'un désir d'évasion pour partir vadrouiller d'amis en amis, d'exposition en exposition, de discussions en philosophie de comptoir ... Bref, j'ai un taf de titan pour redonner à ce lieu un aspect à peu près respectable !
Mais voilà, je suis moi, et même déterminée à m'investir dans cette mission, il y a toujours sur mon chemin un grand méchant loup déguisé sous les traits d'un livre, un article, un disque, une playlist, une visite, un café-canap' ... Tout un tas de perversions semées sur le chemin de mon devoir de ménagère parfaite pour libérées des envies plus légères et me réfugier dans mon château dans les nuages ... Et finir par atterrir dans ma tour d'argent. 
Alors même que je cherche les mots les plus pertinents pour traduire ce lâcher-prise qui s'impose à moi, quand je suis en train de taper sur chaque touche avec passion et bonheur, parce que c'est ce qui me fait respirer plus fort à cet instant même, j'arrive à m'interrompre, au milieu d'une phrase, pour me perdre dans les quelques notes qui viennent, qui dansent, qui s'incrustent là dans cette partie de mon cerveau qui ne répond plus à aucune réalité quand elle est actionnée. 
Il y a tout de même une petite partie de moi qui résiste, qui actionne le levier de la culpabilité pour brandir l'étendard du temps qui passe : "12:47 et tu n'as rien fait de constructif ? Tu te fous du monde !" - Auquel je réponds me levant brusquement de ma chaise : "FAUX !!!", qui a inscrit dans la pierre scellée de nos âmes que ce qui est constructif est forcement matériel ??? Évidemment, je m'adonne à des activités constructives, même si elle ne peuvent pas être définies comme concrètement utiles à la mise en oeuvre de mes activités de "fée du logis", elles participent à la construction de mon bien-être, m'accorderez-vous que cela devient de fait essentiel ?
Le goût du café, un recueil de chroniques d'une humoriste pertinente, un album hip-pop teinté de notes jazzy, le regard qui se perd au travers d'un paysage triste et pluvieux, un sourire qui se dessine sereinement, ou une playlist ultra dansante, une chorégraphie improvisée au milieu du salon, deux ou trois photos prises à la volée pour alimenter un compte Instagram sans aucun but exhibitionniste. Juste le besoin d'exploiter cette solitude qui s'impose d'elle-même pour la rendre tantôt poétique, tantôt mélancolique, comme fantaisiste ou surexcitante. Tout simplement être l'auto-entrepreneur de son existence, en payer le tribu chaque fois que j'ai besoin d'apposer ma tête sur une épaule réconfortante et que je ne trouve que le vide de mon appartement, mais en récolter tout le bénéfice quand le sentiment d'accomplissement vient me couvrir de sa paisible enveloppe.
Aujourd'hui, comme un autre lundi, j'ai une liste de tâches que je me dois de mener à bien, et peu de temps pour m'y tenir. Pourtant me voilà ici, à prendre le temps de me promener dans les sous-bois de mes pensées les plus simples et primaires. 
Je sais que je vais devoir en sortir, retrouver le chemin de la réalité toute despotique qu'elle est, se pavanant de sa pleine puissance. Je vais m'accorder toutefois encore quelques instants, seule avec moi-même, lentement, tout doucement, profiter de ces tendres attentions dont je m'alloue les bienfaits. 
L'ordinaire devient précieux, délicieux, indispensable ... Il prépare le terrain à l'extraordinaire pour le rendre bien plus profond et lui donner davantage de goût.

Cette mise au ralenti précède la semaine somme toute assez énergique qui approche à grands pas !

J'ai soudain cette image qui vient se placarder inopinément d'une ado glandant sur son plumard, musique pleine balle, une clope à la main, un coca ouvert au pied du lit et sa mère qui bourrine derrière la porte hurlant de baisser la musique et de venir vider le lave-vaisselles - "RAaaaaahhhhH, c'est boooon, j'arriiiiiive !" ... Tu la vois la mère, là ? Je te laisse te faire ta propre idée sur la métaphore ! (en plus j'ai même pas de clope - SMLP!)


#jaieternellementquatorzeans

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