Chasse aux trésors


Souvent je m'interroge sur ce qui est essentiel pour moi quant à mes relations avec mon entourage, quel qu’il soit. 
Et s'impose d'elle même l'évidence que le curseur qui réglera entièrement l'attitude à adopter, la profondeur de mon implication, l'évaluation de la valeur de la personne qui se tient face à moi, n'est autre que la confiance que je peux attribuer à mon interlocuteur. Pas vous ? Non, peut-être pas ...
Comme tout à chacun, ma confiance est sans cesse mise à l'épreuve, mais c'est une situation que j'ai semble-t-il beaucoup de mal à gérer. 
La résultante de mon rapport au sentiment de confiance est l'alliage précieux de mon éducation et de mes expériences sans aucun doute, dont les détails ont été ciselés par certains vécus, plus que d'autres. Et comme tous métaux, celui-ci évolue dans le temps, patiné par l'environnement et l'atmosphère.
Que ce soit lors d'une démarche administrative, d'un besoin mercantile, une demande de conseil dans mon milieu professionnel, la livraison de confidences à certains gardiens de mon intimité, ou l'évaluation des intentions de certaines rencontres, bref ... Je suis une personne disons qui fonctionne plutôt au ressenti qu'à l'évaluation de critères fixes et établis, qui en résumé se traduit ainsi : "toi je t'aime bien, toi je ne t'aime pas peu importe les raisons, je trouverai plus tard". Quand d'autres attendent que leurs interlocuteurs aient fait leur preuves et montré patte blanche, je me contente de prédéfinir la vitesse, ou la lenteur à laquelle je vais laisser la confiance s'instaurer.

Quand je dois choisir une personne pour s'occuper de mes enfants en dehors des heures scolaires, par exemple, finalement je ne suis jamais vraiment totalement confiante, mais je vais prendre ma décision sur la capacité que la dite nounou aura à inviter une future confiance à s'instaurer entre nous. Plus banalement, nous confions nos enfants tous les jours à un personnel scolaire que nous n'avons absolument pas sélectionné et qui pourtant passera 8 à 9 heures par jour avec notre progéniture dans le huis clos d'un établissement gardé sous haute surveillance et dans lequel nous-même ne pouvons rentrer qu’après avoir passer les multiples barrages filtrants. Mais au fond, qui sait ce qui s'y passe vraiment ? Ma confiance est donc mise à rude épreuve, assez régulièrement de toutes façons en ce qui concerne mes enfants, je décide donc chaque fois de ranger cette information dans un coin de mon esprit, ne sachant pas à quel saint me vouer pour diagnostiquer une confiance évidente, ou une potentielle menace. Je les surprotège naturellement, et je passe donc le relais sans trop m'interroger pour ne pas être pris d'un vent de panique à l'idée du danger qui roderait aux alentours.

Pour tout ce qui a un coût, un enjeu financier, je pars du principe que je vais y perdre, et qu'il est donc inutile de s'épuiser à trouver la solution la moins coûteuse, si tant est que je sois dans la nécessité de faire telle ou telle dépense, là encore je choisis la simplicité ayant conscience que les relations dites commerciales sont étudiées pour que l'acheteur ne soit pas le gagnant, je veux dire à notre niveau de petits consommateurs de base. Le résultat n'étant que très rarement couru d'avance, toute décision de dépenses est un coup de poker, à savoir qui sera le plus futé de la partie. De ce point de vue, je peux paraître défaitiste, mais une joyeuse défaitiste, ne vouant pas ma vie à "trouver le meilleur plan", tout ce qui m'importe est d'obtenir la marchandise, le service, que j'ai monnayé, n'est-ce pas là le principal ?
Puis on entre dans le royaume de la confiance, le cercle amical. J'ai une confiance aveugle envers mes amis. Je leur ai livré à chacun dans un joli paquet bien emballé, cerclé d'un gros nœud :"Tiens, cadeau, c'est pour toi, si, si, je t'assure, tu en fais ce que tu veux je ne m'inquiète pas une seconde à ce sujet !". C'est évidement la raison essentielle pour laquelle j'ai toujours une attitude farouche avec une nouvelle tête qui se présente dans mon paysage. La mise à l'épreuve fonctionne chez moi en mode automatique, ayant conscience que si l'occasion se présente de partager davantage que de simples courtoisies, je vais donner "le bon dieu sans confession" à cette personne, je me laisse toujours un temps d'observation pour savoir si je vais instaurer une distance définitive, ou pas, ou si je suis d'ores et déjà convaincue que toutes les vannes vont s'ouvrir incessamment sous peu ... Et en écrivant "peu" mes doigts ont ripé pour inscrire "peur", étrange, non ? Ce lapsus rédactionnel, vient tout à fait appuyer ma théorie quand à ma crainte de confier ma crédulité à de mauvaises personnes. 
Finalement, avec le temps, et les épisodes de vie, je ne crois pas me tromper. Il m'est arrivé dans le passé d'être "trahie" par des gens que je croyais sincères, et inversement d'être dans l'adversité avec des personnes qui sont aujourd'hui des éléments indispensables à l'équilibre de ma vie. 
Les choses sont tout autre depuis plusieurs années, comme si j'avais enfin appris à maîtriser ce pan de ma personnalité. Je connais ma peur, je sais qu'une fois les filtres levés je laisse le champ libre pour se balader dans mon esprit, en récolter toutes les confidences, être le témoins des moments de vie les plus secrets, ou encore voir qui se cache derrière le costume exhibé à longueur de temps. Et quand bien même je me tromperais dans un sens comme dans l'autre, je suis en capacité aujourd'hui de relativiser, passer outre sans abîmer ce qui a été partagé auparavant. Sans compter que tout le monde change et que les routes peuvent s’écarter jusqu'à s'opposer sans que cela ne remette en cause la confiance passée. Mais cette réflexion ne m'est possible qu'en amitié.

Quand il s'agit d'une relation dite "amoureuse", il en est tout autrement, la confiance est à nouveau le baromètre qui viendra définir la force, la profondeur de cette dernière. C'est cette même confiance qui va tisser un pont vers un demain, tout en vous en enlaçant l'instant présent de ses doux bras chauds et confortables. C'est bien la même caractéristique d'une relation qui instaura un respect mutuel venu protéger les souvenirs collectionnés au fil du temps, pour remplir les albums photos de notre esprit, en évitant de les salir de ressentiments destructeurs. Mais celle-ci ne s'instaure pas, en ce qui me concerne, aussi aisément qu'en amitié. Comme si je n'accordais aucun crédit à mon ressenti dans ce cas de figure. Il est certain que les différentes expériences que j'ai vécu, m'ont privé d'une certaine légèreté ou insouciance. Les plus courtes sont venues attestées qu'il ne fallait surtout pas s'y poser, quand la plus longue a littéralement pulvérisé les idéaux dans lesquels je me complaisais, oubliant qu'en amour jamais rien n'est acquis. Je vous arrête tout de suite, et vous l'accorde de fait, je ne suis pas Blanche-Neige, et ai, moi aussi, eu l'occasion de malmener la confiance "que l'on avait mis à
l'intérieur de moi"; parce que la vie et son quotidien ne sont pas des constantes, et que l'humain n'est pas une machine infaillible. Je ne me trouve pas d'excuses, et bien qu'il me soit arrivée de blesser, je pense tout de même faire partie de la catégorie des personnes fiables ... ou qui essayent de l'être. 
La confiance a cette faculté de mutation, tantôt solide comme une bâtisse de granit, comme friable telle un château de sable, elle ne s'impose d'elle même qu'avec des actes, le discours n'ayant pour vertu que d'endormir la vigilance. La bâtisse ne sera solide qu'avec le concours des protagonistes de l'histoire, d'une seule et même intention, ouvert aux partages, et lancés sur un long chemin d'envies communes.

Elle est à la fois la jauge, et le frein, parce qu'il est délicieux de la confier aux bonnes personnes, il est douloureux de la ramasser à la petite cuillère quand elle s'est trompée de logis, et devient une difficulté à surmonter quand la normalité est de ne plus l'accorder à personne. Et elle est de surcroit le reflet de sa propre confiance en soi. Ne pas accorder sa confiance, c'est douter de sa capacité de jugement, c'est se croire incapable de se relever d'une erreur d'appréciation, c'est ne s'accorder aucun droit à l'erreur, et se refuser le mérite d'avoir vu juste. A contrario, et là je vais parler en mon seul et unique nom, quand je la laisse se nicher dans l'autre, elle me renvoie un sentiment de sérénité et d'assurance dont je deviens immédiatement dépendante telle une junkee à son shoot : "on n'est pas bien là, toi, moi et mes belles baskets".
Je n'ai choisi ces dernières années que de me pencher au-dessus de relations dans lesquelles la question d'accorder sa confiance n'avait même pas à être posée. Peut-être avais-je besoin de passer par tout ça pour me souvenir qu'il est agréable de se livrer, avec tout le bagage ... Me rappeler qu'il y a peut-être une part de bonheur à s'en remettre à l'autre. Pour constater que certaines choses me manquaient, et qu'être sans cesse sur ses gardes pouvaient dérouter les mieux intentionnés. Ou pas ...

Je m'excuse platement pour toutes ses références publicitaires, mais je suis dans un état de fatigue proche du coma, je m'accorde donc le droit de ne faire aucun effort littéraire. Pour le reste tant que l'idée principale est saisie, la qualité de la syntaxe ne va pas m'empêcher de dormir, surtout au vue du retard accumulé ...


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