Sous le chapiteau


Aujourd'hui, je me suis offert, avec une amie "pour la vie", un massage drainant, la classe non ? Mais je m'interrogeais, ce type de drainage existerait-il pour le cerveau ? Non parce qu'entre nous, celui ou celle qui aurait l'ingénieuse idée de mettre au point une méthode d'auto-élimination et de neutralisation des toxines intra-crânienne gagnera mon respect éternel. Cela ne pèse peut-être pas bien lourd, mais voilà on ne peut pas offrir ce que l'on n'a pas, et puis ce n'est pas si négligeable que cela le respect éternel. Mais plus sérieusement (non je déconne) une recette magique pour stopper cette production frénétiques de pensées entremêlées, enchevêtrées, décousues, sur un fond, tantôt de panique, tantôt de découragement, tantôt de relativisme imposé, et au milieu quelques instants de plaisirs pour me rappeler que : "tout va bien se passer ...", me serait d'un grand secours !
Quand je regarde mes enfants, et je ne sais pas si c'est le cas de tout le monde, mais pour ma part, je ne les vois pas grandir, je ne réalise pas de mon propre chef qu'ils ne sont plus de tout petits êtres balbutiant quelques mots, vacillant d'un pas à l'autre, incapables de se débrouiller sans mon aide. Ils se chargent de me signaler quand le décalage entre mon regard et la réalité de la vie devient trop important, à coup de prises d'initiatives ou de responsabilités, qui me subjuguent chaque fois que cela arrive. Ils arrivent avec toute la délicatesse de l'enfance à me suggérer que cela ne sera pas éternel et que le temps court trop vite, bien plus vite que l'esprit et le cœur ne ne sont capables de le voir, de le comprendre. Je les regarde et je me demande comment arrive-t-on à fabriquer de petits êtres si doux, si purs, tout droits lancés sur les chemins de la vie, hésitant quelques fois, plein d’entrain la plupart du temps.
J'étais assise dans mon canapé, à la fin de ce week-end articulé autour de problèmes matériels et organisationnels, que j'ai tenté de maquiller aux yeux de mes amours par quelques diversions, nouveauté mobilière, explorations des fonds de placards, tris et mise au rebut des jeux oubliés dans l'univers des tout-petits qu'ils ne sont plus, escapade ensoleillée roulante lancés par l'impulsion de nos pieds affamés de liberté ... Et une idée s'est mise à défiler devant mes yeux, alors que je regardais un film sur une histoire de famille lourde et dramatique teintée de mensonges, secrets et petits bonheurs oubliés. Le poids de ce que j'essaye d'affronter, de surmonter est venu m'arracher une émotivité que je voudrais chasser loin de moi, je me suis dit alors qu'il me faudrait détenir des pouvoirs encore inconnus afin de protéger ces deux êtres que je chéris, et pour qui je donnerais tout ce que j'ai ou que je n'ai pas encore, de tout "cela". Si c'était de l'ordre du possible, je ferais n'importe quoi pour qu'ils n'aient pas à souffrir, pour que la vie ne leur offre que de jolis cadeaux ... Mais c'est impossible, rien ni personne ne peut empêcher les tracas et mauvaises surprises, les trahisons, les querelles et autres mélancolies. Ainsi, la seule et unique chose sur laquelle je peux influer est leur capacité à saisir  chaque occasion d'être heureux, afin de créer en soi la force et le courage de se relever à chaque embûche probable à venir.
Ainsi va la vie, il n'est pas possible de prévoir quelles difficultés nous attendent cachées dans un coin, venues nous pousser sournoisement à l'eau, encore mouillé du dernier bain - option "boire la tasse" intégrée. Reste à puiser en son for intérieur le courage de nager, le souffle à peine retrouvé d'un dernier saut impromptu. Le dessin des occupations et compagnies agréables qui attendent sur la rive, l'envie de rejoindre demain, et remonter à contre-courant brandissant un doigt d'honneur aux emmerdes qui vous agrippent la cheville vous entraînant par le fond. Le bonheur est simple, il est pourtant rare de voir pointer la sérénité sans effort préalables. Je ne crois pas à la notion de mérite, mais je sais que la vie se construit, avec beaucoup de patience et de détermination.
Ce début d'année se pose en épreuve, alors que j'aurais voulu que celle-ci me facilite enfin les choses, disons alors que je paye une année passée à remettre à après-demain les rendez-vous avec la réalité, telle une adolescente reculant sans cesse une visite chez le dentiste.
C'est difficile de transmettre à ses enfants le plaisir de profiter pleinement de chaque jour qui passe quand on n'a juste envie de prendre un sac à dos pour s'enfuir loin, très loin de tout ce qui nous rappelle qu'on a frôlé le bonheur, et que finalement c'est le désenchantement et les complications qui se sont imposés. Il me reste les éclats de rires, les élucubrations, les belles attentions, les virées, et mon envie de tout, tout le temps pour canot de sauvetage, et retrouver la rive, les ennuis oubliés emportés par la marée des semaines à venir.
J'aurais voulu que mon énergie me serve à autre chose qu'à me dépêtrer d'un foutoir matérialiste mais on ne m'a pas offert le luxe de choisir. J'ai chuté, durement, et à peine remontée, suis devenue apprentie funambule depuis lors, à peine remontée sur le fil, mes talents d'équilibriste débutante sont mis à rude épreuve par quelques imprévus aux allures de bourrasques mal-venues.
En résumé, rien de matériel n'est insoluble, mais si l'on pouvait attendre que les batteries soient rechargées avant d'en rajouter j'en serais gré à qui de droit ... à ? Personne ? c'est la vie ? Ah ok pardon, j'ai cru que quelqu'un m'avait jeté un sort ... Autant pour moi !


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