Monologues et colocations


Pourquoi parler, communiquer ? 
Parce que les mots sont à votre esprit ce que vos vêtements sont à votre personnalité … Un traducteur pour les autres.
Ne vous fiez jamais à ce que je fais, mais à ce que je dis. Les mots sont un cadeau du fond de mon âme quand mes actes sont la conséquence de mes peurs les plus profondes, mais peu importe ce qui est fait est fait me direz vous. 
Pourtant, je n’ai jamais pu refuser les excuses d’une personne confuse de la maladresse de ces actes, quand il m’est presque impossible de pardonner les paroles qui blessent. Par volonté ou par accident. Ces mots, écrits, ou spontanément sortis d’une bouche imprudente, mal pesés, peu mesurés, ces mots qui tournent encore et encore dans votre esprit, quand l’autre n’a nulle idée de l’impact de ces derniers, ou qu’il se contente de prétendre ne pas comprendre les raisons de leurs conséquences.
Quand j’écris j’ai l’impression d’être plus claire, mes phrases sont objectivées, elles ont une destination très claire. Je ne dis pas que je ne regrette jamais ce que je je dis ou écrit quand je suis dans un état d’esprit un peu « emporté » mais à l’instant où ces mots sortent je suis convaincue du but à atteindre. Les écrits restent mais peuvent être justifiés par un contexte, un évènement. Alors que les actes eux ne sont que le fruit d’un inconscient trop puissant pour être maîtrisé, sauf peut-être par les fous. On dit souvent que l’on fait ce que l’on peut alors que l’on sait très bien ce que l’on a à dire, on hésite juste à le révéler. 
Bien évidemment il n’est pas toujours aisé de sortir les paroles qui doivent être étendues là, sur le lit de la sincérité, moi la première ai besoin d’un temps d’auto-coaching personnel avant d’accoucher du dit discours si tant est qu’il sorte un jour. Enfin … il finit toujours par sortir, mon éducation ne tenant qu’à un seul dogme : « mieux vaut avoir des remords que des regrets » …
Quoiqu’il en soit, dans la philosophie moderne seuls les actes comptent … Et pourtant si c’était réellement la cas, je n’aurais aucun ami, mes parents m’auraient abandonné dans un pays lointain, et je n’aurais sûrement jamais eu un seul homme dans ma vie … Parce que ce qui traduit le fond de mon être et de mes intentions ce sont mes paroles, mes écrits, bien plus que mes actes qui sont souvent le brouillon d’une copie que je voudrais plus belle et largement perfectible. 
Bien que si je m’arrête sur quelques exemples, il m’arrive aussi de mettre en oeuvre de dignes travaux pour accoucher de belles réalisations, ou bien plus modestement pour construire une vie saine et un avenir heureux aux côtés des gens que j’aime. Mais ils sont, la plupart du temps, précédés d’une longue réflexion, construite autour de  … conversations ! 
Les mots, le langage, la communication, déniés de manipulation, sont les outils les plus formidables qui soient pour faire avancer le monde, non ? Suivis d’actes concrets ils deviennent des textes vénérés des plus incrédules … Qui n’a pas en tête certaines allocutions de son idole ? Même un sportif soulèvera des foules à la sortie de quelques mots sans intérêt, mots qui donneront un sens à ces exploits physiques. C’est ainsi, l’humain est construit autour du langage, et c’est tout son intérêt … Les ethnologues vous le diront. 
Les mots ne suffisent pas, les actes ont peu de sens sans ceux-ci, pourtant les uns précédant les seconds deviennent une arme invincible pour partager la sincérité de ses intentions, et l’authenticité de sa nature. Je mets peut-être un point d’honneur trop important à rester naturelle, à être vraie et sincère, mais ma nature extrêmement crédule remontée d’une spontanéité peu contrôlée font de moi une personne exigeante en ce domaine. Comme tout à chacun je ne suis pas parfaite, et je fais de nombreux faux-pas qui peuvent blesser ici où là, mais cela restent des maladresses sans profondeur, rien d’alambiqué, aucune intention de fausser le débat, ou de tirer avantage de la situation …  Et je pense que c’est cette honnêteté clairement affichée qui m’a toujours sauvé de situations ubuesques que j’ai pu créé en un claquement de doigts, ou de téléphone portable au sol, ou d’appels nocturnes, ou de setter irlandais, bref, ce qui savent, savent. 
J’écris parce que les monologues c’est glauque … J’écris parce que j’ai envie de partager ce que j’ai à dire, et que je n’en ai pas toujours l’occasion, trop occupée à baigner dans le plaisir et la joie quand je suis en compagnie des gens que j’aime, j’oublie de faire fonctionner mes méninges, me contente de quelques sorties un peu provocantes, et oublie la bienséance … Alors je tente de sauver l’honneur de mon esprit en rappelant qu’il existe et qu’il n’est pas toujours en mode ironique et insouciant, bien au contraire. Ainsi, ici, il devient mon meilleur ami, étant capable de me donner le change ; ah, je ne vous avais pas encore dit que je n’étais pas toute seule dans ma boîte crânienne ? Y’a même des moments où c’est une grosse coloc’ genre l’Auberge Espagnole version squat sans bail et sans préavis.
Et c’est d’ailleurs un peu le cas en ce moment, et ils me fatiguent tous là haut avec toutes leurs théories, leurs polémiques, leurs idées saugrenues, leurs envies divergentes … Alors j’écris, j’expie.
Et puis qui sais, un jour, je croiserai peut-être la route de quelqu’un qui trouve ça sympa de partager la vie d’une farouche rêveuse qui co-existe déjà avec toute une population d’énergumènes et leur lot de remises en question et d’analyses inutiles sur le temps qui passe et la vie du commun des mortel.


Bref … J’écris, je dis, je fais, j’essaye, et j’avance, mais ce qui reste le plus important pour moi, c’est de partager tout ça, avec les bonnes personnes.


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