Tout, ou pas, et son contraire


Ah oui, un mois et demi tout de même.
Ai-je déjà étalé ici mes difficultés à franchir de nouvelles étapes ? Oui bien évidemment. C'est amusant de constater que l'on peut sans cesse se redécouvrir. Amusant, et effrayant. Alors qu'on croit se connaître, être familier avec ses propres limites, confiant de ses goûts, envies, et bien que totalement conscient de tout ce qui nous reste à découvrir sur nous même, et sur les autres, sur la vie qui virevolte autour de nous ; la surprise de l'étendue des probabilités est au combien plus déstabilisante que ce à quoi l'on s'attendait, sures de nos positions, droits dans nos bottes, avec un petit air d'espièglerie au goût de "même pas peur".

J'avoue aimer flirter avec le danger de l'inconnu, la sensation de prendre des risques, pour me sentir vivante. Mais quand l'expérience est plutôt "superficielle" ou avec des conséquences calculées, moindre, n'ancrant rien de définitif dans le présent ni dans les lendemains.  Serais-je une personne moins investie dans la vie, ou davantage dans l'aspect essentiel du "moment", mais pétrifiée s'il faut influer solidement sur demain ? Je ne me lance dans un épisode risqué que très spontanément, sans calcul, et si le temps de la réflexion se pose, la part d'inconnue revêt un costume terrifiant, ce pour tous domaines. Le changement est bien plus impressionnant qu'une petite fantaisie d'un instant présent. Le risque à prendre n'est peut-être jamais vraiment là où l'on pense le défier.
Et alors, que faire ? Baisser les bras ? Se contenter de subir sa vie ? Fuir devant la difficulté à dépasser ses propres barrières ? Pourquoi pas ... C'est ce qui parait, de prime abord, le plus simple. Ma voiture n'est plus infaillible et je roule avec le couperet d'une panne "onéreuse" au-dessus de mon capot (et du reste). Il faudrait donc que je me lance dans la recherche et l'acquisition d'un nouveau véhicule. Rien de dramatique. Rien de très risqué. Sauf que c'est pour moi une grande difficulté, et qu'il n'en faut pas plus pour me cantonner à attendre que cette dernière tombe définitivement en panne ... Et après ? Les ennuis seront sûrement décuplés, le changement de véhicule sera subit, décidé dans la précipitation, et avec moins de cartes entre les mains pour le choix de ce dernier. Et ceci n'est pas qu'une métaphore mécanique ! Juste pour illustrer une capacité à fuir des décisions et des risques, qui n'a pour avantage que de repousser à demain, ce qui peut-être intelligemment et posément gérer un peu plus tôt. On rentre dans un domaine de considérations bien plus complexe quand il s'agit d'humain, pourtant s'il s'agit d'un domaine dans lequel on excelle en matière de "on verra bien", c'est bien celui-ci.
Qu'est-il possible de réaliser se contentant uniquement d'un "on verra bien" comme leitmotiv ? 
Le champ des possibles d'un "on verra bien" savamment posé au bon endroit, au bon moment, avec les bonnes personnes, peut se révéler bouleversant, et avoir la capacité de nous entraîner dans un tourbillon de belles sensations, sur une voie inexplorée de sa propre vie, et qui sait nous faire arriver à nos châteaux en Espagne.  Encore faut-il réunir tous ces "bons" à l'instant T, et réussir à les maintenir tout prêt de soi, ce qui requiert, selon moi, un certain talent et une belle dose de confiance en soi, ce dont personnellement pour la dernière je ne déborde pas. 

J'ai le sentiment étrange que ce qui s'inscrit dans la durée est plus fastidieux à équilibrer, que des instants volés, peut-être plus intenses, mais absents des minutes qui les suivent, ils peuvent influer les protagonistes sur le reste de leur vie mais sans aucune promesse de sérénité, ils resteront volatiles et éphémères. Je ne pensais pas que ma vie serait faite de tant d'inconnues à 37 ans, et je pensais encore moins que cela pourrait me poser un problème. Ce qui est drôle, à la limite de l'anecdotique, réside dans le fait que cela soit tout ce à quoi j'aspirais il y a un peu moins de 10 ans, désirer que ma vie, mon quotidien ne soient pas réglés comme la partition d'une musique de variété trop souvent jouée et rejouée dans toute les chaumières, et sans surprise. Certains choix posés par d'autres qui ont eu, eux, le courage de tout bousculer, m'ont remis en liberté, et de constater que ce n'est pas le quotidien qui tue l'envie, c'est l'ennui. L'ennui flirte-t-il avec la répétition ou serait-il l'amant de la lâcheté ? Pourquoi la lâcheté, quel est le rapport ? A moi, il m'apparaît comme évident le rapport, et celui ou celle qui aujourd'hui s'ennuie chaque jour qui passe le verra tout aussi clairement que moi. Le souvenir d'un ennui profond n'aurait peut-être jamais suffit à me faire bouger de mes terrains bordés bien qu'à l'opposé de mes aspirations originelles.

Alors équilibrer sa vie autour de moments simples et évidents, solidement rivée aux personnes qui la rendent essentielle, s'imposerait-il naturellement à ceux qui se laissent vivre. Ou cela nécessiterait-il davantage d'efforts pour lutter contre ses propres travers, exploser ses verrous, fusiller ses peurs incontrôlées, pour laisser toute son envie faire son oeuvre ? 

Un juste milieu, quelqu'un aurait-il un juste milieu ? 


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