Mais que faire de tout ça ?

Mon cerveau bouillonne, depuis quelques jours, de surproduction d’opinions, comparaisons, juxtapositions d’expériences, interrogations, pré-conclusions … Bref, il me fatigue. Je n’arrive pas à déceler le moindre début de réflexion construite pour avancer dans la direction qui me serait la plus fidèle. Je ne sais plus à quel saint me vouer, car oui, les expressions hors du temps sont bel et bien les plus pertinentes pour illustrer clairement le fond de sa pensée, avec une petite touche de désuétude que je trouve cependant attendrissante.
Je me trouve face à ce flot de pensées en suspension, incapable de les fixer au mur de mon analyse, elles fusent, dans un sens puis dans l’autre, disparaissent, réapparaissent habilement modifiées, puis reprennent leur apparence initiale. Chaque fois que je crois avoir saisi au vol la plus pertinente, et fermement ficelé au totem de mes idéaux, elle se tortille, fait glisser ses liens, pour s’échapper aussi vite qu’elle est apparue ! Croyez-moi, c’est éreintant.

Alors me voilà ici, utilisant ma dernière arme pour gagner ce combat contre mon propre esprit, en posant les mots qui m’aident à structurer mon chemin de pensées, et retrouver celui de la raison, enfin non, il ne faut pas exagérer, mais au moins celui qui m’appartient et me ressemble ; ce chemin où j’ai la simple intuition d’être à ma place, de faire les choix qui me sont propres, et d’aller en direction de ma vie. Il est un peu prétentieux de prétendre y accéder en paraphrasant simplement l’ensemble du foutoir qu’il y a dans ma caboche, mais je peux le promettre, écrire est salutaire, tant que l’exercice reste sincère.

J’ai la réputation auprès de ceux qui me pratiquent de longues dates, et qui ont eu à éprouver les conséquences d’un esprit furieusement fantaisiste jusqu’à l’overdose, de ne pas savoir mettre ce dernier sur « off ». Et cela me parait assez réaliste, pas totalement, pas toujours, mais régulièrement je me surprends moi-même en flagrant délit de questionnement inutile, fatiguant, sans issu … Alors je tente de m’inspirer des fonctionnements des gens de confiance, pour les confronter au mien, et ajuster ma ligne directrice, mais il s’avère que celles qui finissent toujours par avoir le dernier mot, sont mes peurs. Alors autant vous dire que celles-ci additionnées aux avis divers et variés, mixées dans un subtil mélange de contexte inexploré, la conclusion en devient pratiquement impossible à discerner. Si tant est qu’il faille une conclusion. Un ersatz de synthèse serait déjà un bon début. Je suis peut-être tout simplement perdue dans la phase de collecte des informations qui précède l’élaboration du plan, pour laisser la place, un jour, à la rédaction d’un nouveau chapitre ... jargon littéraire quand tu nous tiens !

Pour revenir sur le terme de conclusion, il n’y en a peut-être qu’une seule et ultime, mais on en collecte, ou construit, plusieurs dans une vie. Il y a toujours une petite conclusion à tirer après chaque moment de vie, même si quand on a un cerveau aussi polémique et joueur que le mien, elles évoluent au gré des conversations placées sous le signe de philosophie de comptoir et autres fastes nostalgies.

Enfin il en est ainsi, quand je m’éloigne de mes mots, je m’éloigne de mon être, de ma vie, de mes envies, et quelques instants pris pour m’étendre ici m’apaise et me guide. C’est simple, c’est efficace, il suffit juste d’y penser, et d’en prendre le temps. Et puis, cela économise durablement la patience des oreilles attentives qui s’épuisent à m’écouter.

C’est le privilège de notre espèce, user et abuser de la capacité de langage, et vivre plus fort.



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