Quand le vide s’installe




Je m’étonne que la façon la plus facile qu’il soit de remplir un vide soit une solution matérielle. Quelques achats dé-frustrants et hop le vide est un peu comblé pour quelques heures, quelques jours. Une philosophie tout à fait bipolaire, mais à la fois très efficace, à court terme, à très court terme.
Pourtant il est évident que la plupart de nos existences ne sont qu’à peine frustrées. Nous passons la plupart de notre temps à consommer, à s’emplir de biens, et de services, utiles ou non, tentant en vain de justifier notre existence en ce monde qui n’a peut-être pas beaucoup de sens.
Je me sens perdue dans cette époque où l’épanouissement est devenu obligatoire, avec option quête du bonheur, tout en ne montrant aucun signe de marginalité qui serait synonyme d’individualisme alors qu’il me semble bien plus égoïste d’afficher son existence conforme aux aspirations mondiales tout en cherchant la reconnaissance sociale qui est censée être de mise. Je n’ai peut-être jamais réussi à comprendre un monde où les différences doivent être gommées si ce n’est pour montrer et démontrer son excellence. Je dois avoir le cerveau qui se ramollit pour avoir une impression gênante que tout s’accélèrent et beaucoup trop vite.
J’ai une vie ordinaire, mais je sens qu’elle ne l’est pas tout à fait. Chaque individu à sa dose d’originalité, sa pâte à apporter à son existence et quelques touches pour l’existence des autres. Nous ne pourrons pas avoir tous le talent de l’extraordinaire, sinon à quoi cela rimerait ? Et puis nous avons tous nos propres êtres extraordinaires autour de nous, nos enfants, nos meilleures amies, son amoureux, non ? Si vous n’avez pas un nom, un visage qui vous vient en tête immédiatement c’est que vous n’avez pas encore fait les bonnes rencontres, ou que la vie vous en a séparé …
Cette quête de l’intense et de de l’extraordinaire m’a mené sur des chemins qui n’étaient finalement pas vraiment cachés, et qui ne me demandait qu’à ouvrir les yeux, et les oreilles, à enlever les ceintures de sécurité et ouvrir les bras. Malheureusement le trop ordinaire peut être dangereux pour l’esprit. Il faut sans cesse éprouver son savoir et son expérience pour comprendre si l’on fait le bien autour de soi, ou si l’on engendre un mal destructeur pour les autres, le monde qui nous entoure, soi-même …
Quand je sens que je ne suis menée que par des énergies négatives, j’essaye de me tenir à l’écart, des groupes, des gens que j’aime, voir même des gens que je n’aime pas tant je pourrais aller loin dans mes paroles. Et pourtant, ces énergies négatives ont peut-être elles-mêmes quelque chose à apporter aux autres. Le cynisme, l’ironie, les courants de pensées et figures de styles qui fleurent bon le mauvais karma sont eux aussi une forme culturelles d’intelligence, et peuvent apporter des solutions que le positivisme poussé à l’overdose ne serait pas en mesure même d’aborder.
Finalement, c’est l’équilibre des forces qui fait tourner le monde dans le bon sens (Big up aux fans de Starwars) – Personnellement je ne me sens pas assez douée pour devenir un Jedi – alors je vais me contenter de prendre la joie et la bonne humeur quand elles se présentent, et de laisser la mélancolie et l’amertume s’exprimer quand elles doivent s’échapper de ma boite de Pandore. Et puis plutôt que d’acheter un truc, pour remplacer un autre truc, ou mettre de côté ce qui me cause vraiment du chagrin, je ferai mieux d’écouter ce que mon cœur et mon cerveau ont à me dire, ça ne me coûtera pas plus de quelques jours de patience, pour laisser à nouveau la place au « nan mais tout va bien en fait ».


Parce qu’à vrai dire, « tout va bien en fait » …

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