Remue-méninges

 C'est sur la chanson "j'suis jalouse" que je commence ce post. Je suis jalouse de tous ceux qui savent écrire, des textes, des poèmes, des chansons, des sketchs, des films ... Ceux qui savent dire, raconter, capter. Ceux qui vous emmènent sur leurs chemins de pensées, vous transportent dans leur univers.

J'aimerais hurler ce que je pense, ce que je ressens, ce que j'imagine, toutes ces idées, ces images qui m'inondent, rationnelles comme fantasmagoriques. Vider ce trop plein qui m'envahit, jusqu'à écraser le moindre espace de vide dans mes entrailles. Faire taire ces assauts qui rendent mes émotions épileptiques. Je prie parfois pour un encéphalogramme plat.

Je rêve de reconstituer la matière qui me guiderait vers de doux songes sans rougir, sans honte d'avoir retrouver le coeur léger. Arrêter de se cacher pour pleurer tous ces chagrins qui se lisent sur les traits de mon visage fatigué. N'avoir que le goût à rire, retrouver l'utopie d'une âme jeune et pleine d'espoir. C'est tout ce qu'il reste l'espoir ...

Pourquoi arrivés à une moitié d'existence tout est remis en cause ? Un ras le bol des schémas répétitifs et lassants ? C'est bien qu'il reste de l'espoir ... Les gens, le monde, la vie sont bien trop captivants pour laisser couler les minutes, inerte. Et plus ça bouillonne à l'intérieur, plus je ne sais quelles pensées m'appartient vraiment pour s'en inspirer, construire tout autour un paysage de bien-être. Tout est tellement confus, plus j'écoute, plus je regarde, et plus je ressens un imbroglio de déceptions et de peurs. 

Avec toute cette liberté de penser et d'agir, ne saurions-nous plus quoi en faire ? Le chantier serait-il trop vaste ? Et la crainte de l'échec encore plus forte ? Il arrive de se tromper, de se planter, malgré tous les efforts, toute l'envie, toute l'énergie, tout l'espoir investis. Comme dans une recette de cuisine improvisée, ou non. Pourtant faut-il renoncer à retenter le coup en dosant mieux, en expérimentant de nouveaux ingrédients ? Les goûts et les couleurs appartiennent à tout à chacun, pourtant le palet évolue, et en agissant sur certains curseurs, il est possible de surkiffer (oui j'emploie le terme que je veux, c'est moi qui écris) quelque chose qui nous a déplu jusque là. 

Quand j'écris, j'ai l'impression de ne pas être explicite, quand d'autres me disent se reconnaître dans certaines formules. C'est étrange ces perceptions complètement relatives à la prédisposition personnelle dans laquelle on peut se trouver à un instant. Je voudrais être capable d'aller en profondeur avec mes mots, et de ne pas rester subtile sur ce que j'essaye de dire. Moi qui n'ai pas peur des mots, tout à coup quand il faut les présenter sans savoir s'ils seront lus, et par qui, je me mets à les doser avec bien trop de parcimonie, et je ne fais qu'effleurer ce que je voulais réellement exprimer.

Un exemple ? Allons-y. En décidant de me plonger dans un travail éreintant de connaissance de soi, en m'exigeant de n'écouter que le vide et ma voix au milieu de tout, j'ai renoncé à toute possibilité de sentiment amoureux. Mais quand on a fondé toute sa vie, tous ces espoirs de bonheur sur l'unique idée que ces derniers reposaient sur un Grand Amour réciproque qui aujourd'hui ressemble à un mensonge, c'est une remise en question ultra violente. Renoncer à un rêve pour en faire de nouveaux. Garder espoir devient un désir luxueux ; c'est un papillon qui virevolte dans votre esprit, tantôt visible et lumineux, tantôt caché derrière une chaîne de montagnes d'angoisse, de nostalgie et de désillusion. La varappe c'est épuisant, mais quelques secondes de visualisation d'une chorégraphie aérienne de ce doux espoir que des jours meilleurs seront, peut-être une finalité viennent réanimer ce petit goût de la vie qui pourrait être bien plus grand.

Renoncer à un sentiment, et à son visage, simple à dire. Plus difficile à mener. C'est comme si vous m'annonciez que j'avais du diabète et que je devais arrêter le chocolat. Mauvais pour la santé, mais tellement délicieux. Et on n'efface pas aisément de sa mémoire toutes ces images de pâtisseries et de confiseries qui vous rappellent à leur goût sucré. Si quelqu'un avait l'idée merveilleuse d'inventer le chocolat bon pour l'équilibre alimentaire, il ferait plus d'un heureux, et la métaphore deviendrait elle-même source d'espoir pour toute une génération de quarantenaires désabusés.

Voilà, j'ai tenté d'être un peu plus "parlante" sur mes états d'âme, pour les laisser là, encore une fois et stopper cette rédaction la poitrine un peu plus légère, sur une petite note d'espoir et énorme envie de belle vie.

Est-ce que renoncer c'est perdre une part de soi ?



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