Mon beau miroir

"Narcissismesubst. masc. PSYCHOL. Amour excessif (de l'image) de soi, associant survalorisation de soi et dévalorisation de l'autre, habituel chez l'enfant, courant chez l'adolescent, compensatoire chez l'adulte."
Ce n'est pas exactement l'idée que j'en avais. J'étais plutôt orientée vers une idée nombriliste, égocentrique, usant et abusant de la nécessité de ne voir que son propre intérêt avant de prendre la moindre décision.
Il existe des personnes qui passent un large partie de leur existence à défendre des causes, à mener un combat de toute une vie, à se vouloir le défenseur de la veuve et l'orphelin n'ayant, de prime abord, pour seule motivation, que la dévotion et la générosité.
Certes.
Un doute m'habite (amis de la poésie, bonsoir).
Le plaisir de se sentir utile, de rentrer dans la postérité par acte courageux et dévoué, de se poser en sauveur de l'humanité, ou même de s'entendre dire que l'on est quelqu'un de fiable ne peut être totalement désintéressé. Même inconsciemment. 
Je voue une admiration sans borne à certaines personnalités ayant exister ou existant encore (quoique dans le second cas de figure il me faudrait une ou deux heures devant moi pour faire des recherches sur Google et trouver un nom), et j'ai un respect incommensurable pour les personnes qui font avancer les conditions de vies, de travail dans certains hémisphères (occidentaux ou non). Pourtant je ne peux m'empêcher de penser que comme tout à chacun une part de contemplation de soi-même et de ses propres actes vient se nicher au creux de sa bonne conscience, et ce insidieusement, pour rappeler que l'amour-propre ne se cache jamais très loin. Et finalement c'est peut-être une très bonne chose. Si l'envie de finir son existence en pouvant brandir haut et fort toute l'utilité de ses propres actes et tout les bienfaits que l'on a commis sur cette planète, peut venir aider certains d'entre nous à connaitre une vie plus heureuse, et bien soit, soyez le plus narcissique qu'il vous sera possible de l'être.

Dans le narcissisme, il y a une forte notion de beauté extérieure que je me permets de transposer sur une beauté de l'âme et de l'intellect. Enfin, selon mon propre intellect ... qui se la joue Narcisse à l'instant où il ose se pavaner sur une page du web ouverte au premier qui s'y perdrait, enfin.

Il y a quelques années, 16 pour être exacte, alors que j'étais en train d'agrémenter ma table de cours,  en pseudo aggloméré beige et fade, de merveilleux croquis des personnages des Mondes Engloutis avec l'aide de mon acolyte et voisine de table (Camille - pour ne pas la citer) et afin de perfectionner mes talents de "j'écoute d'une moitié de cerveau, je m'occupe de l'autre", mon professeur de philosophie venait d'attaquer deux notions qui prirent une place sans commune mesure dans la construction de ma pensée et de mon fonctionnement en société : "L'individu" et 'Autrui". Pour une personne comme moi qui cru souffrir d'anti-conformisme maladif depuis son plus jeune âge, j'étais en train de découvrir que chacun d'entre-nous dans son individualité avait un rôle à jouer aussi modeste qu'il soit dans cette grande frasque qu'est la vie en société et son schéma le plus simple : les autres.
Serions-nous donc dans l'obligation d'être, quelque part, à plus ou moins grande échelle, narcissique, afin d'agrémenter ce groupe que forment les autres ? Qu'aurait de sens l'assemblée si elle n'est populaire, tout comme le bal, certes je m'égare ...
"Populaire : Qui appartient au peuple - Peuple : Ensemble d'humains vivant en société (ou encore) ensemble de personnes soumises au même lois".

Aujourd'hui, avec un léger recul, en observant ces fameux autres, ceux qui se sont cachés, et se cachent encore, derrière d'autres et leurs réglementation rigide et asphyxiante, ne voulant pas sortir du cadre, et les voir commencer à imploser d'impatience à l'idée de toucher du bout du doigts tout ce qui peut se passer dans une seule et même existence, je me rassure et me conforte du souvenir de toutes mes aventures et déboires. Je sais que ma philosophie personnelle ne répond pas totalement aux normes orientées et raisonnables d'un monde qui veut rester dans le droit le chemin par peur de perdre ses avoirs au prix de son être. Mais je me sens pourtant si riche. Riche des autres, riche de moi-même, riche des promesses de l'avenir et de ses secrets. C'est en gardant le cap vers des destinations inconnues, la tête prête à recevoir encore et davantage, le coeur ouvert au partage que je ne vais cesser de m'enrichir sans avoir l'impression de ne déposséder qui que ce soit.
Je crains de, comme tout à chacun, savoir lutter contre cette envie névrotique de me regarder le nombril, au moment même où quelqu'un partagerait avec moi la vision de son propre centre du monde. Mais ça ne m'empêcherait pas d'écouter sa formule, et d'en emporter avec moi le souvenir afin de m'en inspirer.

Je n'ai envie de ne retenir qu'une chose à tout cela, un individu aussi exceptionnel qu'il soit ne peut l'être qu'au centre d'autres individus ayant peut-être eux-même une réserve inexploitée de fabuleux, et qu'un groupe n'a de sens que s'il respecte l'individualité de chacun et se soucie du bien-être de consortium.

Et comme dirait ma Team : et Nananinanana !

Commentaires

Camille Loiselet a dit…
Mais tu écris? Et tu partages sur un blog? Je n'en suis qu'à moitié étonnée toi qui rendais des dissert' de 10 copies doubles et partageais si facilement ton point de vue sur les bancs du lycée!
Ici nous sommes plus dans une ambiance feutrée, on te lis avec intérêt mais sur la pointe des pieds pour ne pas te déranger et te laisser continuer à coucher ces mots sur ton clavier.
"Acolyte Camille"? En cours de philo? N'y aurait'il pas du Cunsolo avec sa chevalière là-dedans? j'ai comme un doute! ;-) (Honte à moi si je me plante!)
Au plaisir de te lire Laura. bises
Laura N. a dit…
Heureuse que tu te sois reconnue, jamais je n'oublierai ces heures de cours en ta compagnie (bien que j'avais oublié le nom du professeur qui nous les dispensait).
J'espère avoir murit depuis mes 20 ans pour être davantage dans l'échange que dans la polémique comme je l'étais à l'époque.
Flattée que tu me lises quoiqu'il en soit.
Et j'adore ton univers d'illustratrice au fait, je suis ravie que tu aies continué dans cette voix ! J'aurais tant aimé vivre de mes passions.
Prends soin de toi, à bientôt par commentaires interposés 😉
Bises

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