Boulangerie & Services Postaux

Une soudaine inspiration s'est glissée entre les lobes de mon cerveau indomptable quand j'eu répété pour la énième fois que je n'avais envie de rien ce soir. 
J'ai papoté avec des personnes d'une grande importance pour moi. 4 conversations téléphoniques, et deux écrites, plus ou moins brèves, plus ou moins étayées de détails, pour le plaisir, mais aussi pour le salut de ma tête et de mon coeur ...

Savoir ce qui se passe dans la vie des gens qui comptent, embarquer un peu de leur être avec soi, pour toujours mieux les connaitre, les cerner, ne jamais les quitter ; se nourrir de leur voix, de leur souffle, de leurs sourires audibles ; enregistrer leur vocabulaire, expressions, tournures de phrases, leur logique, leur philosophie de vie ; comprendre ce qu'ils souhaitent, veulent, attendent.
Il suffit de courtes discussions, câlée entre deux impératifs, ou un plus longues quand elles sont plus rares, pour comprendre à quel point un être vous est cher. Se laissant bercer par la ponctuation de sa prose, la pertinence de sa tonalité, tantôt ironique, parfois pleine de compassion, ou encore entrainée par l'intensité du sujet abordé. Quand je prends conscience que je suis plus captivée par la forme que par le fond, je sais alors que le deuxième protagoniste de ce duo a imprimé définitivement ma mémoire. Forme qui rend chacun des mots, offerts sans aucune intention mercantile, tous plus précieux les uns que les autres. Mots que je capture en grande égoïste assumée pour les emporter partout avec moi. Ces petits bouts de phrases qui me lient à ces personnages qui deviennent alors les acteurs de ma vie, ces liens qui donnent un sens à mes nuits et matins qui se succèdent jour après jour, sans aucune promesse. 

Les relations de l'un à l'autre sont fragiles, ne tiennent à rien, peuvent se briser en un quiproquo, une erreur de discernement, un manque de lucidité, ou de courage ... Mais deviennent indéfectibles quand elles sont faites d'une multitudes de conversations animées d'expériences partagées, de rires bruyants, de larmes secrètes,  de polémiques sans issue, et d'un goût sans commune mesure pour les autres.
Je crois que les gens n'imaginent pas à quel point le choix de leurs mots ont un impact fort et profond sur celui qui les entend. 
Aux outils modernes manque le langage du corps, lourd handicap qui peut totalement éloigner l'intention du discours de la destination initiale du rédacteur. Le pouvoir de la voix peut changer cette erreur d'orientation, je suis d'ailleurs bien plus sensible à chaque fréquence émise par le discours, aveugle derrière mon téléphone. Une conversation téléphonique a cette vertu d'entretenir les relations malmenées par les contraintes du quotidien, et les choix de vie d'adultes, où la voix de l'autre sonne comme un souvenir, un repère, une projection agréable d'une future réunion. Ainsi quand il est possible de se retrouver à nouveau, quelques notes de la voix de l'autre suffiront à reprendre le fil des échanges, et les petites boites où s'était rangée la douce sensation de sérénité en sa compagnie se rouvrent successivement comme des petites fenêtres pop-up, pour y enfermer de nouvelles sensations où la gestuelle sera venue enrichir le fond d'une forme déjà si plaisante. La voix peut prétendre sans rougir avoir les mêmes pouvoirs, un peu magiques, que les parfums de la madeleine décrite dans nos livres d'école.

Dit-elle ! Toute réfractaire au téléphone qu'elle est ... J'use et abuse de la dextérité de mes doigts pour rester en contact avec la microsphère de mes relations par le biais de messageries instantanées, textos et autres mails ; je rencontre quelques difficultés à téléphoner au sens premier du terme, comme si un danger guettait derrière chaque tentative d'appel : trop peu de temps, d'énergie, trop peu de choses à narrer, peur de déranger, peur d'être interrogée, crainte de mal écouter, de ne pas avoir la bonne verbe. Pourtant, se dire tout et n'importe quoi a du sens, tant que le plaisir de partager un peu reste le moteur, et aide à patienter en attendant beaucoup plus. 
Le rythme de nos vie a l'air d'avoir pris comme un violent coup de pompe au cul avec ces moyens de communication qui ne laissent plus aucune marge de manoeuvre ; qui ne répond dans les quelques secondes suivant une prise de contact se retrouve à devoir justifier le différé de la réponse avant même d'apporter la réponse elle-même. Et les relations épistolaire s'en retrouvent tout à fait bafouées. L'immédiaté de la technologie, et du consumérisme maladif, a véritablement sacrifié le bonheur d'un écrit doucement posé, mot après mot, où la danse de ces derniers vient envoûter l'imaginaire, pour rivaliser de beauté à en faire pâlir n'importe quel chorégraphie du corps !
Nous nous envoyons quelques caractères à la va-vite pour se prouver les uns et les autres qu'on ne s'oublie pas. Je suis la première criminelle du genre. Je plaide coupable. Et c'est ici, en posant mes quelques figures de style maladroites, que je tente de palier à ce manque de temps pendant lequel je voudrais écrire à chacune des personnes que j'aime de longues lettres faisant appel à chacun de nos souvenirs, suppliant d'en créer de nouveau, marquant pour la postérité la richesse de nos échanges, et ainsi rappeler que l'oubli est impossible ! 

Enfin voilà, il y a quelques jours, j'ai fouiné dans un carton de souvenirs, où j'y ai retrouvé journaux, lettres et autres carnets dédicacés. Les écrits restent ... et ravivent les souvenirs.

J'aimerais avoir la pertinence des personnes accouchant de phrases mémorables comme celles que j'aime partager sur les réseaux sociaux ... Mais je n'ai pas cette plume, pour ma plus grande déception, alors je vais me contenter de plagier sans aucun état d'âme !


On ne dit jamais assez aux gens qu'on les aime ... Pourrait-on au moins se l'écrire ?

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