Croyances, espoirs et skyzophrénie


Je suis en vacances.
Cette expression courante et sans aucune originalité au moment de la période estivale peut cependant être interprétée de différentes façons. Être en "vacances" définit en premier lieu l'absence d'obligation de se rendre sur son lieu de travail. Bien que l'on peut être en congés et toujours joignable en cas d'extrême nécessité, ou tout simplement d'une phobie indéniable d'être oublié ou inutile. En second lieu,"être en vacances" peut s’apparenter à ne pas être dans son lieu de vie habituel. Concept obligeant chacun à faire preuve d'une inspiration insoupçonnée afin de dégoter la destination ou le thème qui sera le plus envié de nos convives, comme si nos choix de villégiature reflétaient la créativité dont le portefeuille de chacun recèle.
Être en vacances, c'est avant tout l'idée par laquelle nous serions censés stopper les diverses activités et occupations contraignantes qui nous étouffent quotidiennement en dehors de cette période. 

Je suis en vacances, et c'est pour moi avant toutes choses le moment de prendre mon temps. Plusieurs fois dans l'année, j'essaye de partir quelques jours vers des destinations un peu plus fantaisistes, avec des personnes qui me sont chères ou dernièrement je fais l’expérience de vivre des événements plutôt extravagantes. Je ne le vis pas comme des "vacances" mais plutôt comme une aventure, quelque chose qui va m'apporter beaucoup quantitativement et qualitativement parlant, et de façon plus intense que ce moment entre le mois d’août et de juillet, où je sais que je vais poser ma montre dans un coin, mes contraintes du quotidien dans l'autre, regarder mes enfants grandir en toute innocence, et tout simplement me demander : "bon, on a un peu de temps là, on fait le point toutes les deux ?

Je dois me rendre à l'évidence (Destination qui parait si loin à certains moments, mais que je touche perpétuellement du bout des doigts, si tant est que je ne me sois pas trompée de chemin), les deux acolytes qui forment le duo infernal m'obligeant à une certaine rigueur dans ma vie sont comme un tuteur (mais si, tu sais la tige que tu plantes dans la terre à côté du ficus qui part complètement en vrille pour qu'il se remette enfin à pousser droit vers le ciel la tête haute, c'est bon ?) duquel je ne saurais trop, ni m'éloigner, ni me passer tant ils ont parsemé ma vie de sentiments et de choix solides. Et c'est au moment de ces deux semaines de tête à tête ensoleillé que je me sens la plus sereine, bien qu'usée au bout de 48 heures de réclamations, remontrances, négociations, surexcitations inexpliquées et autres scandales pour une portière de voiture ouverte trop tardivement.
Mes enfants me rappelant sans cesse que je suis une maman (logique ?) en puisant chez moi des trésors d'ingéniosité pour répondre à toutes leurs exigences, m'offrent les bénéfices de ces efforts. Le tout étant de savoir jongler habillement, pour créer un équilibre qui viendra gommer les frontières entre les différents pans de ma vie de femme ; et de mon point d'observation champenois à l'aube (de circonstances) de mon séjour parisien, il me reste encore du boulot, bien que, poussée par ces deux êtres formidables, je suis convaincue de m'en approcher à grands pas.

Une amie me disait que les sentiments et les états d'âmes pouvaient être illustrés par une représentation de montagnes russes. Certes. Ces derniers mois, j'ai plus eu une sensation de décollages de fusées qui explosent en vol, tu visualises là ? Et il y en a eu un certains nombres des lancés loupés dans toute l'histoire spatiale mondiale. On n'est plus vraiment sur les montagnes russes. Il était indéniable que cette addition de décollages et d'explosions devenaient trop difficiles à gérer, pour moi, comme pour d'autres, et comme pour toute personne ne voulant pas finir totalement azimutée avant la fin de l'année 2017, soit. 
2017, 8 mois que cette année ne fait que me surprendre, me bousculer, m'obligeant à envisager des situations qui ne m'auraient pas effleuré l'esprit, et qui continue de m’épater, me donnant chaque jour plus de raisons de profiter d'aujourd'hui, d'attendre demain, sans trop regretter hier ... Même si hier regorge d'épisodes magnifiques, mais aussi de moments qu'on aimerait effacer avec une gomme magique façon Paint Version 1.0. 

Je ne saurais expliquer par quel phénomène physique cela se manifeste mais je fonctionne en "déclic". Quand la prise de conscience ne se fait pas d'elle même grâce, voir à cause, d'une discussion, d'un événement, d'un long temps de réflexion, d'un bouquin ou même d'un film, je prends alors l'information comme une gifle, je l'encaisse très mal, et suis incapable d'avoir une réaction constructive. Mais vient toujours le moment du "clic" qui va me faire avancer, me délester d'un trop lourd chagrin, d'une angoisse ingérable. Il y a presque 10 ans, j'ai du faire un travail introspectif pendant lequel il m'avait été dit que j'étais "bloquées au pied d'une marche et incapable de la gravir" ... Travail éprouvant dont, additionné au privilège d'être parent, je récolte encore les fruits et grâce auxquels je ne reste plus jamais coincée en bas de la marche bien longtemps. J'ai alors appris à tenter d'exprimer mon désaccord sans trop attendre, avoir confiance en ce que je pouvais désirer, mesurer la confiance que je peux accorder aux autres (ni trop, ni trop peu), pardonner, accepter, et dire aux gens que je les aime sans (trop) avoir peur de les perdre. Bien entendu, il reste toujours des traces ineffaçables de ce que l'on est, mais sans imperfection la vie ne regorgerait pas de surprises. 

Mes sessions de fouilles dans mes boites à souvenirs et cahiers d'écritures, les longues conversations avec mes confidents les plus intimes, ma descente au tréfonds du désarroi récente, les sentiments incommensurables et exponentiels qui me lient à mes enfants, et ce séjour en terre natale aux allures de plongée au cœur de mon enfance et adolescence, m'ont replongé au milieu de ce travail passé, et de me dire que les montagnes russes très peu pour moi dorénavant. La platitude non plus, testée et définitivement disqualifiée. Une certaine constance ponctuée de surprises, de grands bonheurs, de petites joies simples et de bons gros moments merveilleux, histoire d'avoir quelque chose de solide sur quoi s'appuyer en cas de pépin, c'est tout ce que je cherche à instaurer dans ma vie et si possible d’insuffler dans celle des gens que j'aime. Ai-je le droit de croire à tout ça au moins pendant les quelques jours qu'ils nous restent avant la rentrée ? Aurais-je le droit d'y croire un peu plus longtemps encore ? Heureusement, nous ne savons absolument pas de quoi est fait demain. Et croyez-moi ou non, je reviens de loin. De ce fait, je vais me contenter de croire que tout va bien se passer.



C'est donc à cela que me servent mes vacances, à prendre mon temps, et à le regarder :
"pause - avance - recule - ralenti - stop - lecture - pause ..."

Bonne nuit, et ... Bonnes vacances !

Commentaires

Articles les plus consultés