Même pas peur

 

J’ai essayé, j’ai tenu bon presque 45 minutes. Je n’ai pas allumé la télévision, je n’ai pas cherché à nouveau la série ou le film qui me clouerait au canapé, j’ai laissé la musique défiler sur l’écran, pour mon plus grand plaisir, je me suis ouvert une bière, posée, j’ai saisi mon téléphone pour geeker un peu, et je me suis vite lassée comme d’habitude … Après la lecture de quelques phrases bien posées, certaines vidéos tordantes, et les messages des sœurs d’âme. Le résultat s’impose, quand il n’y a rien pour happer mon cerveau, c’est lui qui me manipule et m’ordonne : écris, écris, écris !

Mais écrire quoi ? Ecrire pour quoi ? Ecrire pour occuper l’espace, écrire pour contrôler, écrire pour vider. C’est décidé, il faut laisser la place à l’inventivité, à l’envie, à l’inattendu. Il faut me faut ouvrir la porte à ce que je ne sais pas encore, amasser les briques de demain, me rouler dans les plaisirs d’aujourd’hui : Arrêter de tout retenir. Le plus compliqué dans mon cas est de gérer l’énergie qui s’en dégage. Je suis une bouteille de soda, si je suis trop secouée j’explose !

Pourtant, je dois arrêter de faire blocus. Je ne conçois la vie que parsemée d’aventures, tant qu’elle me laisse le répit suffisant pour reprendre mon souffle et ne pas me perdre en chemin. Je refuse de me sentir conditionnée par telle ou telle règles imposées par la bienséance ou la morale. Je crois que la sincérité, la loyauté, la bonté, la gentillesse s’inculquent mais ne se conditionnent pas. On peut être en dehors des lignes tout en ne nuisant à personne, au contraire, si tant est que l’on assume ses mots, ses actes. Tant que l’on ne vit que pour voir des sourires se dessiner sur leur visage.

Pas simple … Trouver et prendre soin de ceux qui sont fait pour partager votre existence et vous la leur ! Ne jamais blesser une personne que l’on aime reste délicat. J’essaye mais je suis tout à fait consciente qu’il m’arrive d’échouer. Pour autant, je suis encore plus mal que la personne concernée quand je suis la cause d’un tourment. Je voudrais n’être jamais maladroite, avoir toujours le comportement juste, mais cela ferait de moi quelqu’un qui anticipe, calcule, se préoccupe plus du paraitre que de l’être. Et c’est impossible. Je fais alors mon possible pour changer la perception du message qui a été reçu. Parce qu’après analyse, on se rend vite compte que loin de moi était l’idée de pouvoir nuire à une personne que j’aime.

Mais voilà, comme beaucoup, je suis peu adroite avec les règles de la vie en société. Je m’évertue à prouver que l’on peut être « saugrenue » et enjoliver le quotidien. Oui, j’en suis convaincue. Je sais qu’avoir une opinion sur quelque chose, quelqu’un en essayant de se débarrasser des idées restrictives qui nous ont été inculquées reste un exercice très complexe. Prendre le temps, même quelques secondes, et se demander si c’est vraiment grave, pourquoi ce serait moche, qu’est-ce qui empêcherait de faire les choses ainsi, et s’arrêter sur les motivations profondes d’un geste ou d’une parole.

Reste-t-il suffisamment d'Innocence dans nos vies pour la considérer comme une qualité essentielle ? Certains diront niaiserie, faiblesse, ignorance et j’en passe : Innocence - nom féminin (latin innocentia) 1. Qualité de quelqu'un qui ignore le mal … A-t-on encore le droit dans notre société de ne vouloir nuire à personne, et de se sentir brutalement lésée quand on ne sait pas identifier les intentions qui manquent de cette innocence ? Incapable de lutter contre ?

Je suis loin d’être un Bisounours, pour bien des raisons, je me suis modelée une façade en bêton armé et barbelés. Mais je n’aspire qu’à pouvoir me débarrasser de ces parades superflues si l’on me donnait une chance de vivre dans un monde plus doux, ou personne ne manipule ni ne profite. Impossible me direz-vous. Tant pis alors, continuons d’user de stratèges plus vils les uns que les autres et perdons notre peu de temps à défier plutôt que d’aimer ; je passe mon tour pour cette partie, je préfère écrire mes propres règles.

Quelqu’un partant pour un Chi-Fou-Mi ?