Alice et le lapin blanc

Ces dernières semaines, j'ai développé "l'art de ne pas avoir le temps". Et j'ai un don !
Après avoir passé une très agréable soirée sur la Côte d’Émeraude avec une personne qui m'est très chère, et alors que plusieurs minutes s'étaient écoulées au volant de ma voiture, je commençais à me remémorer toutes les tâches et autres courses que j'avais reporté au lendemain (et au surlendemain, et au week-end suivant, et ...) ; pour me répéter une nouvelle fois :"je n'ai le temps de rien" !
Mais pourquoi ? Je ne suis pas ministre, ni PDG d'une multinationale, pas même bénévole dans une association caritative ...  Alors d'où peut bien provenir cette carence en jour, heure et même minute aiguë ?
Même les créneaux horaires durant lesquels j'étais "calée" à la seconde près, comme le matin par exemple, sont devenus une course contre la montre à laquelle cette garce de grande aiguille finit toujours par me ridiculiser, au point de me faire sermonner par la directrice de l'école en personne !

Alors, j'ai tenté de résoudre cette nouvelle énigme qui se pose à moi aujourd'hui. C'est en parcourant le long couloir de mon immeuble et repassant le film de ces 2 derniers jours (et nuits), que la réponse m'est venue insidieusement. J'ai passé un excellent week-end rempli de moments riches d'échanges, de dîners, de confidences, de rires, et de tout ce qui fait que tu abordes une nouvelle semaine remplie de bonnes sensations et d’énergie positive ... Mais je n'ai rien fait de ce que j'avais prévu initialement.
J'ai balayé les obligations du revers de la main en un millième de seconde comme on chasse un moustique qui nous tape sur les nerfs, pour les remplacer par des occupations bien plus agréables, et cette situation n'est pas inédite.
Mais alors, une évidence s'impose ... Je remplis les vides.
Tous les impératifs du quotidien, ou les projets qui me demandent un isolement ne serait-ce que de quelques heures me rendent claustrophobe !
Quand je ne suis pas en train d'échanger des messages par écran interposé pour ne pas voir que mon appartement est plus proche du paysage d'un pays en guerre que des photos de Marie-Claire Maison, je suis autour d'une table de bistrot, restau, salon d'amis loin de mes check-list qui me menacent de leur mirador qu'est devenue ma table de cuisine.
Cependant, en ce qui concerne les matins rythmés telle une course poursuite mal mise en scène dans Fast & Furious 42, le doute subsiste, l'explication ci-dessus ne tenant pas la route. En effet, j'ai rarement des conversations philosophiques à 7h30 entre "Oui-Oui fume du crack avec son pote Tchoupi" et les interminables négociations pour que ma fille finisse son petit-dej', cette dernière pouvant donner des leçons à Vladimir Poutine quant à l'art de "ne jamais céder" ! 
En conclusion, 2 possibilités sont envisageables (et uniquement les deux suivantes) : Soit une personne, qui m'est inconnue, a décidé de raccourcir le concept du "60 minutes dans une 1 heure" en se référant plutôt au sablier de cuisson d'un œuf à la coque ; soit c'est un problème neurologique qui consiste à déclencher l'effet "plus je me lève tôt, plus je suis en retard", maladie orpheline non référencée à l'OMS à ce jour. A voir.

Alors j'hésite encore quant à l'action à mener, s'il y en a une.
Il est inévitable que mes responsabilités finiront par me rattraper, et qu'alors je retrouverai le plaisir de m'accomplir, aussi, à travers des taches plus terre-à-terre mais aussi plus concrètes.
En attendant, je me nourris de ces moments de partage qui me donnent la force d'avancer et m'aident à me sentir, chaque jour, un peu plus vivante ... Ces instants m'apportent tous les plaisirs d'une vie et je n'ai absolument pas envie de me priver de la compagnie des personnes qui me font du bien.

De cette façon, j'avance vers "la sagesse d'accepter ce que l'on ne peut changer ..." Mais ça c'est un autre sujet, et il est déjà tard.

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