Ne vous déplaise

Je sais que je ne devrais pas, parce qu'il est trop tard, trop tard pour commencer à écrire, trop tard pour changer le monde, trop tard pour changer soit-même, trop tard pour sauver les meubles ...
Et pourtant, les mots se bousculent pour se montrer, obstinés et entêtants ils s'incrustent dans mes pensées et se glissent sous mes doigts pour forcer le passage.
Ces mots qui se répètent, tournent encore et encore, qui ne me laisseront pas en paix jusqu'à me faire craquer et se dicter eux-mêmes sur les lignes qui, quand enfin ils auront gagné, qu'ils se seront couchés sur la page de mon intimité partagée, et que je serai envahie de remords d'avoir livré ces états d'âme privés, que le commun des mortels garde pour lui ou livre à son proche entourage, m'oublieront, satisfaits d'avoir obtenu la liberté qu'ils réclamaient tant. Alors que moi, fatiguée de m'être encore attardée devant mon écran, je n'aurai obtenu aucune satisfaction à part celle d'avoir bravé cette éternelle peur des conséquences de mes dires.
Ainsi, et depuis toujours, j'ai voulu être sincère et ne pas donner la version "commerciale" que certains servent à tout va pour ne pas déplaire. Je ne fais pas partie de ceux que l'on qualifie de "bien sous toutes les coutures". Je préfère appartenir à la famille des personnes qui vivent en "Version Originale", n'en déplaise aux plus rigides ou aux plus frileux qui ne s'accoutument pas à la liberté de penser et de s'exprimer. Le prix à payer étant somme toute assez élevé à la sortie de certains échanges et expériences. 
La parenthèse étant fermée, j'en arrive toujours à ces phrases, cette histoire qui se raconte dans mon esprit et qui me met au pied du mur de mes propres limites, les limites de mon imagination, de mes aspirations, de mon éducation, de ma lucidité ...
Malgré tout, ce que j'ai vu, entendu, vécu, mes histoires, celles de ma famille, celles de mes amis, malgré les chansons, les films, les livres, les expos, les débats sur ce même et unique sujet, malgré mon indéniable volonté de l'enterrer à six pieds sous-terre après l'avoir enfermé dans une boite en acier scellée de rivets en titane, une utopie ne m'a jamais quitté ... Le fantasme du grand Amour.
Devrais-je en vouloir aux repères culturels de notre société que l'on m'inflige depuis ma tendre enfance ou juste à Patrick Swayze ? Non, ce serait trop simple et réducteur pour cette belle et grande idée. Personne n'est responsable de cet incommensurable bonheur qui nous envahit quand l'on s'abandonne aux sentiments amoureux ... Mais alors pourquoi sont-ils si rare ? Est-ce la rareté de l'amour qui le rend si bon ? Je n'en suis pas sure, j'ai plutôt le sentiment que le plaisir sans égal est intrinsèque à l'amour tel que je le conçois.
Évidemment, je suis heureuse quand je passe des moments agréables avec des gens que j'aime, quand mes enfants me serrent dans leurs bras en me disant qu'ils m'aiment, ou plus simplement quand je prends mon temps sur une plage ensoleillée, la vie est semée de bonheur à saisir en plein vol et à garder précieusement dans un petit coin de son cœur pour pouvoir les retrouver les jours un peu moins agréables. 
Pourtant, je ne peux m'empêcher de penser que l'extase ne peut être si l'on ne peut offrir son cœur, son corps, son âme à un être que l'on aime sans commune mesure. Une personne qui chaque jour vous rappellera qu'elle vous aime tout autant, peut-être sans mot, d'un regard, d'un sourire, d'une caresse l'évidence se posera sur vos épaules pour faire battre votre cœur et vous rappeler que la vie ce n'est rien de moins que cela.
Je n'idéalise pas le probable "Autre", je ne crois ni aux princes charmants, ni aux princesses, encore moins à la perfection, elle est bien trop lisse. Les défauts et les erreurs ont un goût subtil et acidulé qui rendent encore plus exquis les qualités et les beaux moments.
Ces dernières semaines, j'ai redécouvert le plaisir d'être entière et de ne plus accorder les violons de mon existence en fonction d'une personne qui n'avait pas les cordes à son arc pour faire exister mon bonheur. Une page tournée, un chapitre clos, c'est un nouveau qui s'écrit et il flotte une sensation de vide dans tout mon être, un rôle n'a pas trouvé d'acteur, l'histoire ne peut être à la hauteur de mes attentes, de mes souhaits sans ce personnage à venir dont l'attente paraît une éternité tant j'ai envie d'aimer.
Un seul élément inquiétant et insidieux pourrait venir ternir ce doux rêve qui m'anime depuis la première fois que j'ai découvert les sentiments amoureux ... L'amertume. Tant de gens ont renoncé, j'espère que la vie ne continuera pas à trop abîmer mon cœur pour ne pas tomber dans cette lassitude que j'ai observé sur le visage de certains qui désabusés, ont finit par laisser les désillusions guider leur chemin de pensées.
Il semblerait que jusqu'ici mon esprit rêveur garde le dessus sur la rationalité des épisodes amoureux qui ont traversé mon existence. Existence qui selon certains protagonistes de ma vie, dont l'âge justifie la réflexion, ne fait que commencer. J'aurais donc apparemment encore un peu de temps devant moi pour laisser mes songes prendre vie.

Et c'est devant la scène finale du Lac des Cygnes que je clos ce post ...




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